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Journées (Patrick Cintas) - 1ère partie
Dentales d’or

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 Article publié le 25 juin 2012.

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« Je ne suis pas cette seconde d’inattention. Vous avez remarqué que j’attends. Un jour sur deux, je vous croise. Je ne vous reconnais pas. J’étais ailleurs. Voulez-vous revenir ? L’été, je m’en vais. Pas loin. Presque seul. Cette approximation me tue ! Mille fois j’ai préféré être seul sans ce parergon. Seul en route et seul à l’arrivée. Deux toitures en X. Une terrasse donnant sur la vôtre et la vôtre visible de la route. Nous descendions sur le sable. Je me souviens de tout. Vous connaissiez les decapoda. Galathée retrouvée dans l’aquarium. Avec la même angoisse. Le monde se bousculait ici, dans ces allées lisses et rutilantes. Je m’y perdais pour ne plus les voir. Qu’un égaré me demandât son chemin et j’y allais. Des pans m’éblouissaient, coupant d’autres segments de cette réalité notoire. Vous glissiez. Comme l’inattendu. Une voix gisait entre des miroitements. Sable plus blanc encore. Truffé de coquillages. Dentales d’or. Et ainsi blessé, goûtant ce sang noir, je m’évanouissais avec vous. Je n’ai jamais su expliquer clairement ce qui nous arrivait. Nous n’étions pas compris, peut-être pas les bienvenus. Nous parlions cette langue. Avec eux et pour eux. Même le soir sous les feuillages encore frissonnants. La nourriture abondait, grasse et brûlante. Je n’entendais pas tout ce que vous disiez, à cause du passage, des cris d’enfants et d’une conversation me concernant. Presque seul. Attentif à ne pas décevoir. Rassasié. Dernière goutte poussée par un insecte. Les reflets de son caprice. Et l’horizon comme clé. Mer d’huile sans une trace des voyages que nous avions entrepris pour ne pas nous distinguer. Nous aimions même ressembler à ces reconnaissances. Soir d’embruns. Vous ne vous souviendrez jamais assez de ce rassemblement organique. En tous cas pas avec les mots qui furent les nôtres. Je ne sais plus pourquoi nous continuons de nous voir sans nous rencontrer. Peut-être la différence d’appréciation. Je me crispais, vous ne redoutiez rien. Et la nuit vous accueillait, elle m’environnait. Oui, oui, j’attends encore. Je ne sais pas : un mot, un regard. Une main qui papillonne. Un parfum. La mer entrant, laissant sa trace sur le miroir. Chaque matin, le même insecte remontait le parergon et disparaissait entre le mur et ce qui n’était plus un miroir. »

 

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