Certains se voient déambuler — d’autres se figent dans leur lit — d’autres encore s’imaginent imaginer — mais jamais je n’en ai vu courir — courir pour s’approcher — pour finir par toucher — peut-être par mesurer — arrêté au bord — sans conscience du bord — voyant l’horizon — mais pas la promenade éclairée par les terrasses — bruyantes de conversation — de jeux — de tentatives de séduction — sauf un personnage peut-être — approximativement dessiné — nommé pour ne pas le perdre — ou plus exactement pour le retrouver — toute l’histoire s’étant passée ailleurs et devant se finir quelque part — seul comme un couteau — comme la blessure à pratiquer pour ne pas déambuler — ou se figer — ou pire se donner — et il ne revient pas — je n’en croyais pas mes yeux ! — il demeure cette ombre bordée d’écume — cette possibilité de disparition provisoire — sans personne à qui parler — ne rencontrant que lui-même après cette minute d’effort — sachant que la rue n’a plus de sens — qu’elle exhorte à quitter ce lieu — qu’elle veut encore signifier quelque chose — mais qu’il manque la réplique — l’angle qui appelle l’incident — le retour à une réalité partagée — à force de se le dire — de l’imager aussi — la brise revenant avec le soir — installant des conditions d’existence — personnage de plus en plus seul — au contact de l’eau il pensa aux poissons — ne rencontra que la résistance d’une bouée — le fil tenace d’un autre récit — l’eau tiède de la surface — et le flux glacial dans les jambes qui battent — il respirait encore quand je suis arrivé à sa hauteur — je le voyais mourir — je me voyais attendre — sachant que sa mort ne serait qu’un spectacle — qu’elle n’expliquerait rien — et que je n’aurais rien à expliquer à ceux qui me demanderaient de tout leur dire. « Monsieur ! Suivez mon doigt. Vous ne pouvez pas fumer maintenant. Surtout ce genre de saloperie ! »