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Choix de poèmes (Patrick Cintas)
L’habile singerie de l’homme

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 Article publié le 1er janvier 2013.

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« Ce qui chagrine, ce n’est pas de quitter la vie, mais de quitter ce qui lui donne un sens. »
« Une grande ferveur pensante et surpeuplée portait mon moi comme un abîme plein. »

 

« Génie précoce foudroyé à l’âge de vingt ans par une fièvre typhoïde, Raymond Radiguet (1903-1923) a pourtant le privilège d’appartenir au panthéon des Lettres françaises. Son premier roman lui assure la célébrité dès sa parution. Porté par un succès de scandale, Le Diable au corps ne doit pas faire oublier l’ensemble d’une production également remarquable : poèmes, pièces de théâtre, articles, essais, contes, nouvelles et romans - œuvre d’une vie tout entière vouée à la littérature. Tant son talent que sa personnalité lui ont valu l’estime et l’amitié de l’avant-garde artistique de l’époque : Max Jacob, Jean Cocteau, Joseph Kessel, Erik Satie, Francis Poulenc, Constantin Brancusi ou Pablo Picasso... »

« … estime et l’amitié de l’avant-garde artistique… » Le Centre National du livre, dont le directeur est aussi capable d’affirmer que Houellebecq est l’équivalent contemporain de Sartre, n’y va pas non plus de mainmorte au sujet des lettres retrouvées (tu parles !) de celui qui « a eu une vie très brève mais tout entière placée sous le signe de la littérature, comme en témoigne » l’ouvrage qui lui inspire ces banalités toutes commerciales.

Artaud, dans son Bilboquet, est moins sommaire sur ce « petit romancier » :

« J’ai rarement lu un roman aussi cyniquement niais que celui de Raymond Radiguet. Toute l’habile singerie de l’homme s’y trouve collectée. C’est comme une maturité en raccourci. Cette jeunesse dont il se targue, comme M. Radiguet s’il le pouvait la jetterait par-dessus bord ! Elle est pourtant son unique charme. Raymond Radiguet excelle à utiliser ce petit filet de talent que la nature lui a donné. Avec une précocité remarquable il a appris à isoler son talent de tout ce qui n’était pas lui. Il a su digérer deux cents volumes, et que ces volumes lui profitassent, sans le moins du monde l’incommoder. Mais tout de même la matière est trop mince. Ses sentiments sont bien d’un garçon de dix-sept ans, et M. Radiguet n’est tout de même pas si habile que sa sécheresse ne paraisse boursouflée. Les sentences sérieuses qui tombent de sa plume sont toujours gentiment ridicules. M. Radiguet a beau faire il ne masquera pas le lymphatisme de sa pensée, qui provient de son extrême jeunesse, ce défaut de densité, de substance à quoi supplée Rimbaud par une certaine pression intérieure que tout le monde ne peut pas posséder, et on ne remplace pas, n’est-ce pas, l’expérience.

Cette faculté de ne rien dire de ce qui ne doit pas être dit supplée en une certaine manière chez M. Radiguet au talent pur. Elle lui permet de trouver quelques images vraies qui font le relief de son texte. Les pages sur la capture de la folle sont comme la première ébauche d’un certain genre de littérature directe où la matière même de la pensée semble se dénuder.

Ce roman donc ne fera double emploi avec aucun autre. Il est par certains côtés un document.

Or Radiguet se mêle de critique théâtrale. La désinvolture avec laquelle ce gamin juge parfois des gens et un genre qui le dépassent révèle en un autre sens l’enflure de son caractère, sa ridicule vanité. »

Simple confrontation de l’absolument moderne avec les gentilhommeries des cercles concentriques du pouvoir : singerie, sentences, boursoufflures, gentil ridicule, défaut de densité (condensare, dit Pound), lymphatisme, faculté de ne rien dire, désinvolture, enflure, vanité… On se croirait au Printemps ou en maison, et même au marché.

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