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 Article publié le 7 juillet 2013.

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Le lointain des limbes, là où tout finit, avant même d’avoir commencé, non, décidemment, ce n’est pas pour moi, ni non plus ce pur chant qui sourd des bois, ouvert, et glissant, à la mesure sans doute des doutes que je travaille…

Ne m’attirent que les aurores dont on ne sait jamais quand elles ont commencé ni quand elles finiront.

La nuit ne m’accueille plus guère, j’ai du mal à me résigner à dormir, c’est toujours ainsi que je réagis quand j’ai l’impression de vivre au ralenti, alors je m’active autant que je peux pour combattre l’impression de vide qui me menace, quand je n’ai plus rien à faire. La vie est toujours trop pleine d’autrui. C’est « cet immense autrui » qui déconcentre, qui détourne d’aimer pleinement, en inclinant à la dispersion. Je l’ai en horreur, ce sentiment de dispersion que pour ma part je m’interdis de vivre le plus possible.

J’ai le choix : où je dis crûment les choses comme je les ressens, en les analysant impitoyablement ou je me laisse aller à la métonymie : je déplace l’expression d’un problème ou d’une émotion, en les détournant à des fins poétiques.

Il y a ainsi trois types d’écriture possible qui découlent de cette posture, rien qu’une posture, à laquelle il m’est loisible d’en adjoindre une quatrième, qui fonctionne comme correctif ou comme modérateur des trois autres.

La première écriture est biographique : elle est catastrophique. J’étale mes griefs et ce que je ressens. Je la néglige autant que je peux, elle ne mène qu’au ressassement, elle vire au ressentiment, elle met en évidence des impasses.

La deuxième correspond au détournement poétique auquel je viens de faire allusion. C’est une écriture heureuse qui chasse le négatif, qui choisit de faire ressortir tout le positif disponible au moment où j’écris.

La troisième consiste à écrire des essais : je laisse aller ma réflexion là où elle me mène. C’est un mouvement de découverte contrôlée. Je me méfie de ce que je découvre qui peut être à double tranchant et me nuire.

La quatrième écriture, c’est l’écriture romanesque, de loin la plus impersonnelle en apparence. Je disperse ma vie au quatre coins des personnages, je leur prête vie en puisant dans mon expérience. Elle est paradoxale : elle est impersonnelle, en même temps, je ressens vivement combien j’y mets de moi-même.

L’essentiel, c’est le sentiment d’enfermement, que seule l’écriture romanesque et l’écriture poétique sont à même de battre en brèche.

Les essais énoncent des « vérités », ils sont toniques et roboratifs, mais, en les écrivant, j’ai toujours le sentiment de découvrir quelque chose de préexistant, or, ce que j’aime avant tout c’est inventer, et non découvrir.

L’écriture à bannir, à proscrire, c’est l’écriture autobiographique, parce qu’elle n’est qu’un miroir qui me renvoie à moi-même, dans les moments pénibles où je ne sais plus ce qui est vrai, quand j’ai l’impression désagréable d’être celui à qui ont dit de se débrouiller tout seul, alors que les autres bénéficient de toute l’aide possible et imaginable.

 

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