Les treize colonies devenues indépendantes, la plus vieille nation d’Europe, le plus grand pays du monde ...
 La conquête de l’ Ouest puis la création d’un Etat fédéré dominé par la devise « tout est possible », une succession de régimes politiques où les institutions jouent un rôle clef, un peuple composite habitué aux changements radicaux …
 La terre promise et l’adulation des héros, tandis que dans la Constitution figure le mot « bonheur » …
 Les grands projets ou les grandes idées qui se heurtent à la réalité …
 La métaphysique slave dont la folie et l’austérité se disputent l’espace principal dans la tête de chaque Hun ...
 Un pays jeune et aventurier, un pays ancien et paradoxal, un pays à la fois occidental, oriental et asiatique …
 Puis, à partir de la langue américaine et de son pragmatisme, s’élèvent des plumes singulières, révélatrices, notamment, du « self-made man » : l’élégance de Henry James, la brutalité ou rudesse d’Ernest Hemingway, la poésie ouverte de Jim Morrison, la truculence de Charles Bukowski … L’Amérique est un pays nouveau qui fabrique des écrivains rebelles, le constat devenant un pléonasme. L’héritage, pour l’instant, est relatif, le temps est devant eux.
 La langue française, elle, est puissamment spéculative. Et la fille aînée de l’Eglise compte déjà dix siècles d’histoire littéraire, invitant à chaque fois à se plonger dans une époque plus ou moins propice à l’invention. Une immersion dans la Renaissance ? La plume dynamique, riche et oxygénée de François Rabelais vous y conduit. Une envie de se rendre à Versailles, le château-monde du Grand siècle, ou tout simplement à la campagne, du côté de Château-Thierry ? Il suffit d’ouvrir un livre du fabuliste Jean de la Fontaine … et les animaux en interaction parlent de l’espèce humaine, dans une musique narrative à la fois nette et fluide. Vous vous demandez ce que devient la littérature depuis la fin de la Seconde guerre mondiale ? Plongez-vous dans les auteurs du Nouveau roman, dans la fantasmatique d’Alain Robbe-Grillet ou bien la délicatesse historico-littéraire de Claude Simon dont la phrase est un mouvement ample et esthétique. Vous aimez le XIXe siècle ? Les totems ne manquent pas, de Stendhal à Zola, en passant par Flaubert. Sans oublier Balzac, dont l’oeuvre colossale s’érige, de surcroît, dans un contexte assez statique, la monarchie de Juillet.
 Quant au russe, en lisant la prose de Fiodor Dostoïevski, écrivain du XIXe siècle, vous êtes embarqué dans une narration traversée par l’Histoire, le positionnement d’un narrateur aux prises avec les conventions, la tragi-comédie slave faite de générosité et de brutalité … l’âme russe dans toute son étendue, tout son fracas … La Russie est une immense géographie où l’Histoire a l’habitude de s’emballer, une Histoire à laquelle les écrivains n’échappent jamais, souvent isolés, avant de devenir, malgré eux, de grandes figures nationales.
 L’Amérique, l’Europe, l’Eurasie, sur des espaces distincts, dans des temps différents, qui donnent un aperçu large, étendu, de ce qu’est la littérature.