France Culture : « L’année sera donc camusienne ou ne sera pas. » Prout !

Je me souviens que, dans les années 80 ou 90, le PDG du groupe Accor (hôtellerie française) répondait à un journaliste curieux de connaître le secret de la réussite de son entreprise. Ce PDG, ancien chasseur ayant gravi tous les échelons de la hiérarchie hôtelière, n’hésita pas à révéler ce qui pour lui n’était pas un secret, mais simplement une stratégie efficace : « Voir ce que font les Américains et faire la même chose 40 ans après. » Il semble que les professionnels du livre français aient adopté le même stratagème : c’est 40 après l’invention du e-text par Michael Hart (Gutenberg.org) qu’enfin la lourde artillerie de l’économie du livre, chapeautée par le pesant ministère de la culture, commence à admettre péniblement que le livre numérique est une réalité prometteuse et que le livre en papier, dans un marché en constante réduction, ne sera pas remplacé, mais changé. Certes, nous sommes nombreux les zôteurs sexagénaires, à avoir vécu l’aventure de l’informatique appliquée au texte depuis notre enfance. Merci Science-et-Vie ! Dès les années 80, nous n’avons pas manqué de réaliser notre rêve (merci PC !) en usant et abusant du Basic ou du Pascal agrémentés d’une extension de base de données, pour créer nos premiers livres virtuels sur floppies. Et nous avons, dans les années 90, remplacé avantageusement les langages de programmation par le HTML, posant du même coup nos marques à la fois sur la Toile et sur les CD-rom. Depuis, la technologie ne cesse de progresser et, si les livres se vendent moins, papier et numériques compris, la lecture est devenue une habitude de l’écran et elle progresse elle aussi. Dans 40 ans, paraîtront en France les premiers essais, timides comme il se doit, d’une littérature française digne de ses Sorel et de ses Proust et autres Céline et Artaud. 40 ans ! Aurélie !