Passent les fleurs,
Fleurissent les heures.
Heureux accord, pas un contrat,
Rien qu’un accord ouvert sur lui-même.
Le temps contracte alliance avec moi.
C’est tout.
Alliance éphémère qui bientôt exposera sa fine fleur.
Et Dieu que le pain de ce blé fleure bon !
Lins en fleurs et coquelicots,
Javelles et andains,
Regains et bois pour l’hiver.
Andains des neiges,
Sillons herbus et fossés glacés.
Tout me plaît,
Se retire,
M’attire,
M’aspire, m’inspire,
S’étire puis disparaît pour mieux resurgir dans la mémoire ainsi fécondée.
Plus large que le vent, voilure nerveuse qui frémit à l’approche du levant.
Restent le temps de l’attente infernale,
L’heureux présage des arbres et des oiseaux,
La folle indifférence des cieux,
L’âpre patience des lieux,
La médisance des brumes accrocheuses.
Velléités d’envol, plongées sombres et renaissances millénaires.
Jactance du ciel, brumé légère ou lourde,
Panier de légumes du jardin,
Omelette au lard,
Plaisir, bonne chère.
Salut au vent.
Impeccable ordonnancement des lignes de fuite et des pertes,
Des gains et des volumes.
Les meules au soleil couchant rappellent Manet.
Un peu de sa palette flotte dans l’air, rappelle à la vie la vie d’antan,
Le temps d’un clin d’œil lancé au vent.
Et foin du silence !
On s’y roule encore avec bonheur et entrain le moment venu !
Le froufrou des hautes herbes sèches empoigne l’ardeur du soleil,
Enflamme l’amant délectable.
L’enclume du vent accuse les coups ardents du soleil à son zénith,
S’aime ainsi dans ses flèches et ses lances.
S’élance gaiement vers l’éphémère de sa perte endurée.
Midi sonne l’heure favorable.
Un sein blanc sous le foin sourit à qui a su attendre.
Jean-Michel Guyot
22 avril 2014</p>