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Écos des tatanes (Patrick Cintas)
Aurélie et les troubadours
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« J’ai jamais copié Ramón del Valle Inclán ! » André Malraux, qui a aussi menti sur la Résistance. Péthante jamais ne dira un mot de trop à propos de sa ministre de tutelle. Il est dans la culture. Il enseigne, et certes cela ne suffit pas à être un homme de culture. Heureusement, il aussi poète. Il fait trois dissertations par an et publie de temps en temps, grâce à une petite aide, un recueil de ses poèmes et de ses pensées. Jamais il ne dira du mal de sa ministre. Fécus en dit. Péthante ne le dénonce pas. Il s’en garderait bien, Coline fait ça mieux que lui. Fécus, qui n’est pas dupe, dit qu’elle est aussi pute que sa ministre. Il voit des putes partout. Et à force d’en voir, il les fréquente. Mais couche-t-on aussi facilement avec une ministre ? « Je voudrais bien voir ça ! » dit Péthante à son miroir. En s’y regardant, il voit ce qu’il est devenu. Il n’en est pas vraiment fier, mais enfin, quand il demande une aide, il l’obtient. Ce n’est pas se comporter comme une pute que de faire en sorte de passer à travers les mailles du filet tendu par les parents et autres gardiens de la jeunesse et de la religion. Même Fécus pense que ce sont les deux mamelles de la réussite sociale de nos jours. Mais il ajoute un peu vite que ce sont les mamelles du même sexe et il enchaîne sur son discours critique où la ministre qui nourrit la poésie est une pute qui pratique le favoritisme, la vengeance, le mouchardage et, bien sûr, la prostitution. Péthante se tait sitôt que Fécus fait pencher la conversation de ce côté du jugement. « La ministre est une pute, dit-il, mais alors que penser des parents ? » Il dit que ce sont des salauds et des pédants. « Qu’en penses-tu, Péthante ? — Moi...! Penser... » Mais Péthante se garde bien de répondre à cette provocation. L’autre jour, devant la ministre elle-même, Fécus a dit que Péthante n’est pas un poète et que s’il n’est ni salaud ni pédant, alors c’est peut-être un philosophe. « D’ailleurs, a poursuivi Fécus, cela se lit dans ce qu’il écrit. Il nous apprend ce qu’il prétend savoir et ma foi, cela ne chante pas, ni ne se voit, aucune composition n’apparaît... » La ministre a répondu, sans donner l’impression de défendre Péthante : « Les troubadours me font chier ! » |
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