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Avec l’arc noir de Pascal Leray
Présentation : Une épopée psychique

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 Article publié le 27 février 2006.

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Le commentaire d’une oeuvre est un miroir d’Alice. Mais le poème « Avec l’arc noir » est-il un commentaire du tableau de Kandinsky. Le titre désigne un point d’impact, assurément. Il faut croire que le projet est né d’une faille initiale. Le jour où j’allais à Beaubourg, tremblant sous l’impact de perturbations psychiques, traversant les salles à grandes enjambées pour me planter devant la toile en constant mouvement... où je voyaiss, assez stupidement, se dessiner, au coeur de la matière abstraite de Kandinsky, un joueur de hockey sur glace ! Ridicule, vraiment. Il est donc possible qu’Avec l’arc noir se rapporte plutot à un tremblement psychique qu’à une oeuvre picturale elle-même. Pourtant l’oeuvre est bien là et elle exerce son rôle tutélaire.

« Conglomérat vs poème ». Le projet (une épopée psychique) résulte d’une lutte irrésolue entre les différentes dimensions de l’écriture : celles qui ferment le poème ; celles qui l’ouvrent, sinon l’éventrent, pour en faire jaillir comme du sang mille bris de récits amorcés, nés dans la toile, accidentellement pour la plupart, et voués à se combiner infinissablement entre eux. Pourtant, le texte est aussi le rêve - l’utopie ! - d’une synthèse. Et puisque nous n’en sommes pas à une contradiction près, l’hommage se transforme. La logique sérielle qui conduit le poème, ou sa structuration, ne renvoie plus tant au lyrisme abstrait de Vassili Kandinsky, en effet, ni même à la dodécaphonie pas encore née en 1912 de son ami Schoënberge qu’à la tabula rasa opérée, après le choc webernien, par l’école de Darmstadt : Pierre Boulez, Karlheinz Stockhausen, Bruno Maderna, Luciano Berio et Luigi Nono en première ligne.

L’incohérence - le premier des reproches qu’on m’a fait - a été mon premier amour littéraire. On n’oublie jamais ses premières amours et la « constellation » Avec l’arc noir naît d’une superposition thématique autant que temporelle - et structurelle, bien entendu. Le temps : j’avais 21 ans en 1992, j’agissais sous l’action de drogues, « je ne me rendais pas compte ». Et même moins que ça puisque ma main s’est mise à écrire des poèmes toute seule ! Trois ans plus tard, l’expérience est devenue procédurière, sérielle au sens d’une distribution d’éléments répartis en classes d’objets. Mais alors que le projet était déjà faillible, à cause de cette méchante incohérence, de nouvelles failles sont apparues.

Soit le mot « arc ». Imaginez que ce mot soit un organe, comme un coeur respirant, une pompe à énergie - la vôtre - et qu’il s’amplifie continuellement, en se ramifiant toujours, Je marchais dans les rues de la banlieue parisienne et de la capitale, vociférant mentalement : « arc, archure, archerie », évidemment « marche » mais aussi « barque, arrache, crache, craque, raque », etc. La combinaison a/r/c a pris son autonomie à ce moment. J’ai pris conscience de ce qu’était, plus encore qu’une matrice, une centrale.

De là, j’ai fini par convenir qu’il existait deux ordres de poésie : un ordre centrifuge et et un autre, centripète. L’arc était un motif centripète, indiscutablement. Il en est d’autres ! J’ai ainsi été happé par les mots « abat-jour », « violence », « repli », « adieu » et « à bientôt »... Ou encore, à un autre niveau, « série ».

Contrairement à ce que j’avais initialement imaginé, « Avec l’arc noir » n’était pas un projet arrêté dans le temps. La machine s’est épuisée d’elle-même aux environs de 1996. La dimension chronologique n’est pas exclue pour autant. A l’arc noir a succédé une longue période dominée par le motif du repli. C’est le repli qui m’a permis de « rejeter sur regard » sur l’arc.

Nous sommes en 2002. Mon univers a bien changé : je ne suis plus à l’université, je travaille. Il m’aura fallu du temps pour retrouver les marques de mon écriture ! Je me rends simplement compte qu’une figure d’extinction s’est dessinée, qui s’est répartie en différents moments : « Le récit ruisselant », « Avec l’arc noir », « Repli », « Adieu », n’ont été que les différentes heures d’un épuisement graduel. La fin était toute proche. J’ai donc écrit un testament, le « carnet intime d’Alain Merzin », avec tout le sérieux que requiert ce genre d’ouvrages.

J’étais un peu ironique, bien sûr. Comme l’adieu n’était qu’un « à bientôt », le « carnet intime » n’était que celui d’Alain Merzin, un personnage pas tout à fait dénué de conscience mais assurément éloigné d’elle. Nous approchons à présent de la compréhension que j’ai aujourd’hui de l’arc noir.

Je ne la commenterai pas plus avant : « Avec l’arc noir - hiver 13 » articule les phases de l’arc avec plus de rigueur que je ne pourrais le faire aujourd’hui.

Pascal LERAY

 

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