Lent le fruit
A la graine promise
Qui donnera des fruits
Les ébauches ne s’agrègent pas, se détruisent en série
Fournaise, malaise
L’arbre, en une débauche de sève
Feuillé, nu, arbre toujours
Intense, la floraison,
Jamais ébauchée,
Là dans l’emblée de sa perfection
Puisse ton corps,
A l’image de ce bleuet dans le près,
Fleurir en beauté sereine
Pérennité d’un sourire gravé dans l’être,
Signe de connivence,
Astre habile utile aux navigateurs
Un périple en appelle un autre
Une forme pérégrine, jamais chagrine,
Pose son regard fécond sur la passante fertile
Une idylle se dessine
Sybille l’ignore, écume dans la solitude délirante
Il ne faut pas s’y méprendre,
Les méandres, les courbes et les cycles ne se rencontrent pas,
Ne se croisent pas,
Annulent leurs énergies plutôt
Paquet de passé qu’on se passe pour gagner
Un peu d’argent, le paradis, de quoi manger
C’est selon l’humeur du temps
Aux époques prospères la production,
Aux périodes de calamités les saccages et les pillages
ZuerstkommtdasFressen, dann die Moral !
La passante et le bleuet s’ignorent encore
Plus pour longtemps
L’onguent des stances
La piqure du temps
Le prurit à venir
Tout s’emballe, conspire une renaissance
Sourire, fin sourire de la passante
De passage dans le marché aux fleurs
Devenu désert
Les pointes de ses seins
Le bouton de son sexe
Sentent affluer le sang
Qui conflue dans son cœur battant
Consentant, le corps exulte
Sève rouge, arbre naissant
A l’astre du jour promis dans le pré souriant
Pas un brin d’herbe ne tremble,
Pas un brin d’herbe qui ne frissonne d’abondance
Les signes abondent dans une ronde sans fin, bondissants
A la lune désarmante
Confier sa lumière douce,
Sa lumière de lampe
Les corps bougent, ne t’entrechoquent pas,
Résonnent courtoisement
Danse, danse dans le partenaire étonné
Affolement général chez les généraux en charge du désordre ambiant
Saturnales, renversement des alliances
Pour un temps, un temps seulement,
Hélas
Carnaval à tous les étages,
Remue-ménage le temps d’une fin de partie,
Puis tout reprend son cours,
Normal, direz-vous
Sérénité partagée
Femme-bleuet,
Femme-chant,
Si rare et si lente
Jubilation de la lenteur
Saveur et faveur, et sagesse des effluves,
Par les fleuves de tous temps accordées
Le peintre écoute la rumeur du paysage nordique,
Savoure la lente approche de la couleur
Qui passe dans ses mains
La harpe éolienne en haut de la colline gémit, enfle, mugit, rugit
Entraîne avec elle le vent dans son chant
Il nous faut la patience
Une germination lente à saisir pleinement
Vérité, vérité de tous les instants
Jean-Michel Guyot
2 septembre 2014