|
Navigation | ||
[E-mail]
Article publié le 5 octobre 2014. oOo Ai-je perdu ma passion ? se demande un vieillard. Un vent corne ses cartes déjà biseautées par l’âge et les saisons. Les poires discoureuses tombent des jardins de l’histoire sans fruits qui soient en tous points digestibles. Il voit dans son miroir les moustaches des tigres de chaque an nouveau dont les dents ont broyé le persistant printemps d’une vieillesse non aduste s’amasser dans des lointains jardins. Les paons sont aussi cygnes et chevaux de bois des images passées. Les jambes des femmes qu’il voit dans la rue sont les petites filles au rire acéré et au teint de gitanes de ses jeux d’enfants. Il se répond que sa passion est devenue plus vive et dévorante et donc plus pimentée plus jeune et plus vicieuse : il joue avec lui-même au docteur comme avant et mord dans les odeurs des haies agrémentées de petites surprises qu’on ne dira pas. Il sait que la mémoire est comme écrit Walter Benjamin quelque part « le médium du vécu ». Le vieillard vit sa vie de miroir se rasant d’un sourire affuté qui mousse de passion. Il aimait répéter ce vers de Pindare : « L’homme est le songe d’une ombre » Manuel Bandeira |
Revue d'Art et de Littérature, Musique - Espaces d'auteurs | [Contact e-mail] |