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American kisses
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 Article publié le 12 octobre 2014.

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Dans le couloir d’un compartiment, un homme rasé de près et vêtu d’un costume hâte le pas. Les portes fermées défilent devant lui, à sa droite, tandis qu’il poursuit plus avant, tandis qu’il accentue sa fuite. Soudain, l’une des portes s’ouvre et une blondeur capillaire l’invite à entrer. Les cheveux bruns gominés et le menton à fossette se laissent pénétrer par le regard clair et compact de cette dame, de cette femme providentielle dont les mots doux ne tarderont pas à céder la place à la gestuelle, à l’action préméditée de ses longues mains, sans doute douces et fermes, qui se posent sur les épaules du mâle, avant que les lèvres respectives n’opèrent la jonction. De prémédité, le baiser devient affectueux. Authentique. Oui, chère madame, vous le savez. Vous le découvrez, maintenant…

Face aux différents pions, les stratégies s’affrontent. Dans la quiétude de l’appartement, le masculin et le féminin se jaugent, dans l’espoir, peut-être, de mieux se connaître. La séduction de l’une face au sang-froid de l’autre. L’antilope face au serpent. Progressivement, les mains font évoluer la partie, tandis que les signaux de séduction se diversifient. Et deviennent appuyés. Simultanément, la musique se met à l’unisson … et les cuivres annoncent la décimation de la défense masculine. Le roi est définitivement cerné…

La reine, alors, se lève, dans une démarche plus joueuse que victorieuse, une reine qui sent immédiatement derrière elle la présence du prince, de ce visage aux traits purs, aux yeux clairs, durs comme du silex, des yeux toujours projetés vers l’azur. Maintenant, la musique s’accélère, et c’est la valse des peaux qui entre en scène, les épidermes se frôlant, s’effleurant, se touchant … encore … plus près … toujours plus près…

Dans cette salle de casino emplie davantage par la musique de Haendel que par la galerie des personnages, une femme de la haute société et un jeune homme de basse extraction sont presque en vis-à-vis, parmi les autres. La dame continue de jouer, de manière mécanique. Elle en a l’habitude. Le jeune homme, lui, a tout intérêt à jouer, et surtout à gagner, étant sans le sou. Et sous les lustres cossus, la dame décoche impassiblement des regards appuyés à l’encontre du beau jeune homme. Mais oui, milady, il soutient votre regard … la preuve … Toujours avec le même hermétisme, elle se lève, nonchalamment, sort de la grande salle et rejoint le balcon de l’édifice. Statique, maintenant, elle sait qu’il est là, derrière elle, statique, elle se retourne et voit ses mains saisies par celles du jeune homme qui opère lentement, inexorablement la jonction labiale … Marisa Berenson…

Une habitation, maintenant, une vaste demeure, maintenant, à l’intérieur de laquelle la figure impeccablement vêtue du docteur Harper se meut en toute rectitude, mue par le sens du devoir, dans un mouvement traduisant comme une sorte de professionnalisme exacerbé, que rien ne peut, semble-t-il, entraver. Les semelles sur le sol, les losanges, les murs, les encadrements … et les gants dans la main, oui, les gants ... La dame, l’hôtesse qui l’accueille reste contenue en dépit de l’importance de l’événement - la disparition de la figure paternelle dont le corps est présent dans la demeure - , manifestant cependant une large gratitude à l’égard du médecin, venu exprès. Dans la chambre, maintenant, la dame livre pêle-mêle ses projets en cours, comme pour éviter d’évoquer sa peine, sa grande peine. De beaux projets, oui, de jolis projets, qui suscitent l’approbation courtoise du docteur … car c’est l’avenir qui compte, n’est-ce pas ? En une fraction de seconde, ensuite, elle fait basculer l’espace-temps, avouant son affection, sa profonde affection pour le docteur ici présent, un docteur toujours à l’écoute, un docteur statufié … et dont la bouche est prise d’assaut par celle de l’hôtesse … prise de vitesse, prise par … surprise. Puis, l’espace-temps revient à son état initial, le futur mari de la dame pénétrant dans la pièce, et les conventions reprennent le dessus.

Que se passe-t-il ? Le rêve s’introduit-il dans la réalité ? Le rêve ...est-il la réalité ? Plus sobrement, Tom Cruise … peut-on endiguer l’élan d’une femme décidée ?

AVRIL 2014

 

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