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Article publié le 9 juin 2006. oOo 16
À Mexico je suis venu chez toi, Octavio Paz. Tes yeux étaient aussi bleus que ceux de Jorge Luis Borges. Dans ta belle bibliothèque sur le Paseo de Reforma où tu vivais alors, tu m’avais expliqué le choc des cultures dans ton pays en évoquant le Zócalo, noyau historique de Tenoch titlan où l’on procédait à des fouilles. Pierre à pierre deux civilisations s’affrontent ici. Chaque fois qu’un degré de pyramide est dégagé, c’est un mur de la cathédrale que les degrés suivants menacent. Quand les plates-formes d’un temple apparaissent, elles empiètent sur le Palais National Tenochtitlan contre Mexico, Montezuma contre Cortès ; tel est l’enjeu d’une lutte dont l’issue reste douteuse puis qu’il y a, dans les plateaux de la balance, le visage même du peuple mexicain. Ce visage sera-t-il modifié selon le rythme du calendrier aztèque exhumé au pied du Templo mayor ou cherchera-t-il sa pérennité sur un autel catholique ? le Guerrier ressuscité du sud qui donna sa vie pour que le soleil renaisse tendra-t-il la main au fils de Dieu qui mourut pour le rachat des hommes ? Tandis que Tenochtitlan ressurgit des profondeurs, précédée de ses porte-étendards et de ses braseros de lave, les artisans de Mexico en quête d’un emploi au moment où la nuit va tomber sont prêts à invoquer un dieu chrétien, aztèque ou les deux réunis, afin que le jour à venir leur soit favorable. |
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