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Article publié le 9 juin 2006. oOo 20
L’univers vole vers ailleurs. Notre siècle est toujours en guerre et mon meilleur ami est parti en fumée. Trois balles dans la nuque ont eu raison de lui, un soir d’hiver en Corse. Tu étais chair, te voilà cendre, cher compagnon des jours heureux. L’urne a été scellée dans un muret dominant ta maison de Lozère, rude pays natal où s’ancre ta mémoire. Tu étais chair, te voilà cendre à côté des cendres de ta mère, sous un bouquet de chênes et de pins. Tu étais chair, te voilà cendre et lumière en même temps. Tu vis en moi intact et tu me rends jaloux : toi, tu ne vieilliras jamais ; sans toi, je vieillirai plus vite. Tu étais chair, te voilà cendre ou mieux : pollen ; il est des disparitions si fécondes qu’elles s’identifient à des germinations. Ton assassin, cher Claude, est bien plus mort que toi. Tu étais chair, te voilà cendre mais les grands vents de ton pays, au fond des gorges et sur les causses, sauront faire écho à ta voix.
Poème publié ici intégralement avec l’aimable autorisation de l’auteur et de MÉLIS Éditions 1999 -2000
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