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Choix de poèmes (Patrick Cintas)
Un à un, ou deux par deux, comment leur...

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 Article publié le 17 février 2019.

oOo

Un à un, ou deux par deux,
comment leur enthousiasme aurait-il pu durer ?
Puis le mystère, le vide enfin.
Un tramway traversa le carrefour.
C’était vraiment une belle soirée pour se balader,
tranquillement seul en ce beau jour d’automne.
Enyo et moi vidions le magnum sacré,
quelques mots,
et cette sensation de liberté à fendre la foule de loin,
du guéridon où trônait le magnum sacré.
Plus tard, sur son lit de mort,
il m’avoua la vérité au sujet de son âge,
qu’il ne paraissait pas,
et qu’il avait plus de mille ans,
et qu’il était la réincarnation d’un disciple de Jésus,
et qu’il avait connu Napoléon au temps de sa splendeur,
et qu’il s’était chamaillé dans le désert
avec un poète au sujet du prix d’un pot à hydromel.
Il avait plus de mille ans.
Je ne connaissais pas cette vérité-là.
J’en connaissais une autre,
moins belle, beaucoup moins belle,
mais qui ne concernait pas son âge.
Et sur son lit de mort,
il avoua cette belle vérité,
avec des mots familiers qui m’allèrent droit au cœur.
Il y mêla beaucoup d’Hébreux que je ne compris pas.
Maintenant un tramway traverse le carrefour,
et je regarde l’église
où le prêtre a juré sur son cercueil qu’il ferait tout
pour qu’il nous revienne,
un de ces jours que dieu fait.
Il n’est pas revenu, il s’en faut.
Il a dû pourrir comme tous les morts.
Je n’aime pas parler de cette pourriture,
mais il faut en parler quelquefois.
Hemingway a écrit là-dessus une fort belle histoire naturelle de la mort.
Je ne suis pas seul à me souvenir de lui.
Il y a un tas de gens honnêtes qui se souviennent de sa folie,
et de ce qu’elle a coûté à la société.
Je ne suis pas seul mais je me sens seul,
si seul que je me crois fou,
mais la société n’en sait rien.
J’ai vu sa tombe.
J’ai pris le train,
puis l’autobus,
et j’ai continué à pied, comme un fou, jusqu’à sa tombe.
J’ai marché, j’ai vu ce qui lui arrivait.
J’ai songé à la pourriture de son corps.
J’ai vu les libations.
J’ai vu les témoignages.
Et j’ai remercié la pierre dure de m’avoir conduit
jusqu’ici sans trop de mal.
Quelques promeneurs m’ont tapé sur l’épaule, amicalement,
mais je n’ai pas pu mettre la main sur ce satané magnum sacré

- trait d’union de nos angoisses respectives.

 

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