Ainsi chantait le barde de Polopos
portant à sa sainte bouche
les débris de figues que l’autre venait d’arracher
au soleil
vous voudrez bien noter que la terre est morte
dès qu’on va trop loin pour la voix
et pour l’eau qui ne coule pas
pour ces femmes dont le dos plie
noter aussi que les murs ne sont pas tombés
mais qu’ils ne rencontrent plus la force
et le calcul et toutes les manières d’être
quand on n’a pas grand-chose à vendre
nous descendions dans l’ombre
pour comparer les géométries
du ciel et des toitures ouvertes
comme des plaies encore saignantes
nous n’avons pas connu d’oiseaux
à cette hauteur où rien ne pousse
pas même l’asperge des vieilles pierres
et encore moins l’asphodèle du pré
marre de ces mythologies
qui ne nous concernent plus
de ces fantômes sans objet
qui ne hantent plus rien
le barde se prenait pour un barde
et il ouvrait sa sainte bouche
pour tirer la langue à l’intrus
au bienvenu qui promettait
que viens-tu d’arracher
à ce soleil interminable ?
mais la figue, la figue, la figue
la figue qui promet qui sera !