Je pars de plus en plus de rire
De la caisse du ciboulot
J’aurai toujours un oeil à frire
Du pain du pinard du perlot
Un tour pendable en mon ballot
J’ai tout un jeu de faux visages
De cuir bouilli de bois flotté
De tous les crus de tous les âges
En ire en tristesse en gaîté
J’en change pour avoir été
Je tournaille autour de ma sphère
Evidemment je n’ai plus rien
A faire à refaire à défaire
Las des troupeaux épicuriens
Dans mon coin de pauvre terrien
Je rechigne pour m’en remettre
Au triste sort aux vieux ressorts
Aux pas comptés de l’hexamètre
A une plume sans essor
Au hareng pec au hareng saur
Je laisse au râtelier ma lyre
Et mon auréole en fer blanc
J’ai trop de noms d’oiseaux à lire
Sur la binette des chalands
Des ratapoils sans rataplan
Pour le meilleur et pour le pire
Pour le pire et pour le meilleur
Le monde ment comme il respire
Et bâille avec tous ses bâilleurs
Ici-bas et partout ailleurs
Sous les fagots ce vin vieillarde
Il aimerait tant être bu
Au bout d’une tournée paillarde
Pleine de vigoureux abus
Par un équipage fourbu
Quoiqu’on dise de la disette
On n’en dira jamais assez
Elle alimente les causettes
Du sucre que vous lui cassez
Sur le dos et où vous pensez
Je me tourmente la caboche
Ma boutanche tire à sa fin
Encore une que les bamboches
N’ont pas eu ni les aigrefins
Si faux si fiers si forts si fins
Je fais la figue et chante pouilles
A la donzelle au nez camard
Je laisse une pauvre dépouille
Un crincrin un schlass un plumard
A mes aminches du trimard
Robert VITTON, 2015