Pluie et pluie et pluie
les miroirs sont brouillés entre les doigts
des reflets ternes
comme des larmes pour rien

et l’arbre qui se penche d’être le mot tree
comme dans un poème d’Ashbery
voit son ombre glisser sur la table
entre les coudes de la chambre où sans heurt
un aveugle fait traverser
l’écrit qui passe entre les gouttes

et qui voit l’intervalle mûrir sur la vitre
en évoquant le livre de Robert Burton
sur la Mélancolie

qui sent le chien mouillé et le mot poésie.

Ce qu’il écrit n’est pas ce qu’il voit, et c’est cet écart même qui fait être la littérature.

Jacques Rancière (Bela Tarr, le temps d’après)