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Au cœur de l’Afrique

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 Article publié le 13 décembre 2015.

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Histoire extraite de BA Boxon.
Lecture du texte intégral [ICI]

 

Il n’avait aucune idée précise de l’endroit où il se réveillerait, mais il fut très surpris de se trouver dans son propre lit. Il crut donc de bon goût de se rendormir. Il refermait à peine les yeux lorsqu’elle fit irruption dans la chambre. Elle avait l’air fâché. Il lui lâcha un sourire qui demandait pardon.

— Ah ! Ça te va bien de sourire, cracha-t-elle. Poivrot ! poivrot ! poivrot ! marchant à petits pas jour après jour, et vers quoi ? Tu te le demandes ! N’as-tu pas honte ? Ivre mort sur le trottoir. Et l’air béat avec ça, comme si ça te réjouissait. On t’attend dans la cuisine. Arrange-toi un peu !

Porte claqua. Inutile de discuter. Faisons ce qu’elle dit. Plus facile à dire qu’à faire. Il ouvrit les fenêtres, et se pencha au dehors pour respirer l’air frais du matin. Près de la grille, un petit homme gris le regardait en louchant par-dessus son épaule. Ramplon lui adressa un petit salut qui ne l’engageait pas. Il répondit à peine, et fit mine de s’intéresser aux arabesques de la grille. Dans la cuisine, le maire sifflait un verre. Quand il vit Ramplon, il hocha la tête de bas en haut.

— Monsieur Ramplon... commença-t-il.

Ramplon pensa qu’il allait éclater de rire comme d’habitude, et se mettre en quête d’une quelconque cavité pour étouffer son rire, mais il paraissait grave, et le regardait droit dans les yeux avec un air de compassion qui lui gela les pieds. Enfin, il aspira les miasmes de son cigare et tenta de le divertir en fronçant ses sourcils d’officier de police.

— Monsieur Ramplon, dit-il, vous n’ignorez pas que votre fonction est une des plus respectables dont notre administration a la charge.

Devait-il répondre ?

— Or, il me semble que — je dis il semble par esprit dialectique, vous me suivez ? — que vous vous livrez à des excès plus qu’irrespectueux vis-à-vis de la fonction qu’on vous a octroyée.

Il pausa. Près du fourneau, elle fustigeait Ramplon du regard.

— Monsieur Ramplon, poursuivit le maire avec l’accent des discours électoraux, je n’irai pas par quatre chemins. Vous êtes révoqué.

En plein dans le coeur. Ramplon déchira sa chemise à l’endroit de la blessure. Il y avait des traces de poudre sur les bords. Avec ce soleil infernal, il était fichu. Il le savait. Il trouva assez de force pour se traîner jusqu’au buisson le plus proche. Il perdait beaucoup de sang. Le nègre se pencha sur lui.

— Bwana ! je l’ai vu vous tirer dessus. Je l’ai vu, bwana ! C’est pas le rhino qu’il visait. Il veut votre femme. Il vous a eu.

— La salope ! Maudite soit-elle !

Il étreignit l’épaule du nègre.

— Promets-moi de la tuer, ami.

— Je le ferai, bwana. Je te vengerai.

— Tu la violeras avant.

— Oui, bwana.

— Fais-lui très mal.

— Et lui, bwana, qu’est-ce que j’en fais ?

— Châtre-le !

Il avait parlé trop vite. Il vit la tête du nègre voler en morceaux qui maculèrent sa propre blessure. Puis il entendit le coup de feu. À dix pas de là, il réarmait le fusil. Il tenta de l’injurier, mais le sang était déjà à sa bouche. Derrière lui, appuyée contre le tronc d’un arbre, elle semblait lutter contre l’horreur d’une situation qui, espéra-t-il au seuil de la mort, la hanterait jusqu’à la fin de ses jours.

— Et ne t’avises pas de venir me pleurer dans ma robe ! hurla-t-elle en claquant la porte.

Il souleva le rideau. Elle pestait encore, pendue au bras du maire qui se dandinait sous son chapeau. Le petit homme gris qu’il avait vu près de la grille à son réveil les suivit en trottinant. Aucun d’eux ne se retourna. De rage, il faillit étrangler le serpent qui s’était enroulé autour du rideau, mais il y avait là une bonne vingtaine de reptiles en tout genre qui le regardaient du coin de l’oeil, prêts à l’anéantir dans leurs répugnantes gueules.

 

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