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Article publié le 9 juin 2006. oOo 10
Chaque jour, ou presque, depuis des années, je passe devant chez toi, Guillaume, 202 boulevard Saint-Germain. Je souris de voir que la plaque indiquant ta présence en ces lieux est dans le prolongement de la rue Saint-Guillaume où j’étudiais, jadis, les sciences politiques. Un jour, je suis monté jusqu’à ton appartement. J’ai pensé que tu m’observais, comme tes autres visiteurs, depuis le trou percé dans le mur. Quelle émotion en passant devant les rayonnages où sont tes livres ! Comme toi, je possède dans ma bibliothèque L’Almanach des gourmands et Les Classiques de la Table, mais je n’ai pas, sur mes murs, des oeuvres de Picasso, Braque, Derain, Cézanne ou Marie Laurencin. Ton képi rouge et noir d’artilleur est accroché à une poutre. Un bouquet sèche dans un vase. Ce soir, l’ami Rouveyre passera te voir avec Jacqueline la jolie rousse, et tu leur mijoteras un plat de ton invention. Quand tu agonisais, le 9 novembre 1918, la foule, en bas, criait : « A mort Guillaume » en pensant au Kaiser ; et dans ton délire, tu croyais qu’elle s’adressait à toi, le « mal-aimé ». À celle du boulevard Saint-Germain, je préfère cette autre plaque, de marbre blanc elle aussi, apposée sur la façade ocre de la maison du Trastevere, à Rome où tu es né. Elle résume ta vie en quelques lignes écrites en italien
« Ici, le 26 août 1880, a vu le jour Guillaume Apollinaire, créateur de nouvelles formes poétiques, et dont l’existence mouvementée s’est achevée à Paris, le 9 novembre 1918. » Suivent quelques vers de toi, en français cette fois :
Jeunesse adieu jasmin du temps J’ai respiré ton frais parfum A Rome sur les chars fleuris chargés de masques et de guirlandes et de grelots de carnaval
Je te salue, Guillaume des bords de l’imaginaire, né sur la rive droite du Tibre et mort sur la rive gauche de la Seine, où ma peine est pareille à ton fleuve : elle coule et ne coule pas. |
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