Lent à venir
Le pont
En une nuit bâti
Une pluie rose arase les terres humides de mon pays,
A la croisée des chemins dévale
De Damas et d’ailleurs,
Défait marques et signes, traces et vestiges
Un vieux crucifix de pierre s’y désaltère
Que ton souffle
Foudroie, Freyja
L’arc en corne de cerf
Manque à la flèche envolée
Qui se perd dans les nuées
Cible manquée
Le manque dans la demeure ailée
Le manque d’air
Propriétaire époumoné
Ni masque ni visage pour rassembler
Perte sèche
Venin des jours
S’insinue dans les veines
De vies inconsolées
Trépignements sourds au sein du pays trempé
Présence intacte, dans la parcimonie,
Inhérente à la lumière,
Recèle quelque chose d’antérieur à toute lumière
Pure contradiction dans les termes
Passer outre passe
Par les haies de noisetiers
Soigneusement alignées
Comme autant de barrages dressés contre les dieux importuns
Espace ouvert enfin sur la finitude assemblée
Freyja se souvient
Aussitôt oublie
Rassemble la dispersion dans l’espace ténu de sa parole
La terre effleurée
Ni pur jaillissement ni enracinement
Terre sur terre par la terre portée ouverte aux hommes
En pure perte aller
Etincelantes, souvent, les figures
Cheveux au vent
Brindilles d’azur doucement tressées
Tout cela
Doucement chemine
Jusqu’à toi,
Fileuse d’étoiles
Assez forte pour ouvrir les bras
A l’inconnu qui passe
Venu de Damas ou d’ailleurs
Jean-Michel Guyot
17 octobre 2015