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La série
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 Article publié le 13 mars 2016.

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La série a ceci de particulier qu’elle se répète pour mieux avancer vers elle-même.

Toujours en tension vers un dénouement qui ne vient pas, elle mime l’état du monde, et l’état du monde n’est pas le monde, mais un point de vue qui embrasse dans le même geste et la même geste richesse et dénuement.

L’extrême richesse dénuée de toute justice, l’absolu dénuement où foisonnent des injustices de toutes sortes.

Il faut leur donner un nom : amour trahi, solitude, terrorisme, situations inextricables, perversions en tous genres, meurtres et rapines, esprit de clocher et fanatismes.

La richesse s’étale, arrogante et rapace, jamais assez riche, jamais repue : miroir aux alouettes et supplice de Tantale pour les plus démunis qui attendent leur jour de chance en rêvant à des jours meilleurs pour ne pas tomber dans la violence aveugle du dénuement qui coupe des autres, détruit le lien social, appelle toutes les formes de radicalité malfaisante.

Un esprit sain plane sur les eaux du malheur, en fait un miroir poli où se mirent toutes les misères du monde.

Cette tension entre deux extrêmes définit une moyenne ni heureuse ni malheureuse, une zone grise où chatoient toutes les nuances du gris bleu au gris anthracite.

On ne navigue pas en eaux troubles, on y pêche d’étranges poissons électriques.

Télévision est le filtre de tout ceci.

Les séries US, en ce sens, disent mieux l’état de notre monde que n’importe quel journal télévisé.

L’actualité y est traitée sous l’angle de la répétition froide, tandis que les solutions proposées sont toutes servies bien chaudes sur le plateau d’argent d’un scénario tracé au cordeau.

Consolant en ce sens que son ordre impeccable, son extrême précision défie le chaos ambiant.

C’est ainsi que, se répétant sans se répéter, la série-télé figure le temps qui nous est compté, un temps vu d’aussi loin que l’espace téléscopique.

Il suffit d’allonger indéfiniment la canne à pêche. C’est facile. A ce train-là, tout le monde part à la pêche, assuré de ramener du poisson. Il y en a pour tous les goûts. C’est bien commode et fort utile à la paix sociale.

Ah miroir, quand cesseras-tu de me flatter ? A ta surface, les eaux s’agitent, ne bouillonnent jamais.

Peuplées d’hydres gloutonnes, les voilà donc bien ancrées dans le paysage du monde, cet état intermédiaire entre stagnation rassurante et folle agitation.

 

Jean-Michel Guyot
28 février 2016

 

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