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![]() oOo Oui Oui oui Mais oui Si Si si Mais si Etc… Je t’assure *
Bannière qui claque au vent plutôt que girouette qui grince sur son axe, tel je suis, je crois bien. Couleurs indécises, motifs inégaux.
* Son oui revenait de loin. Un oui réfléchi, mûrement, une longue attente, une réponse en instance dans les limbes de ses désirs. Et le oui à la vie ? Pas mieux. L’enfant prend le temps d’y penser sans y réfléchir. La vie vous tombe dessus, hypostase ! Faut s’y faire. Avec des câlins, ça passe. Ceci dit, tôt ou tard, la question se pose, elle se pose là, mi-sphinxmi-corbeau, elle n’est pas malsaine ni d’une excessive prudence. Elle feint d’attendre une réponse qu’elle sait déjà vaine. Vie et question unies dans une ferveur, une fièvre emportée. Elle va de soi sans venir de soi. Elle provient toujours des autres. C’est fou ça, dire oui aux autres par la force des autres, alors qu’il s’agit de dire oui à sa propre vie au milieu des autres. Une prudence s’impose, de courte durée. La circonspection n’est pas un mal, si elle ne tourne pas en hésitation chronique. De toute façon, même en attente, même en instance, la réponse qui tarde à venir se loge dans un corps bien présent englué dans le réel environnant. Cerné de partout le corps social. Cet engluement est un oui implicite plein de réticences. Un oui franc et massif, spontané ou longuement ourdi ne s’impose qu’à ceux et celles qui se sentent investis d’une mission plus grande qu’eux, une mission, un message, une missive, une tâche, comme on veut. Il ne s’agit pas tant de s’exprimer, de dire avec art ce qu’on a sur le cœur que de s’ouvrir à des possibles, des pensées et des actes inconnus de nous qui exigent patience et attention, longanimité et générosité de la part de ce qui nous habite sans nous hanter. Il s’agit d’explorer sans déflorer ni détruire. On se fait pour ainsi dire ethnologue en immersion dans un monde encore à venir, et dont nous sommes la matière vive en expansion. Responsables tant de la matière donnée qui nous échoit que des formes aléatoires, improvisées ou longuement pensées que nous lui donnons, une forme n’étant au fond qu’une direction prise par la matière, du temps ductile appliqué au rayonnement de l’espace qu’il s’agit de couronner de succès pour en rendre l’accès possible et même désirable, sinon souhaitable, aux autres quels qu’ils soient. Expansion qui vaut extension, resextensa qu’informent un visage et une voix, une silhouette et une allure, une démarche, une manière d’être avec soi en société, une parole publique et privée. Un regain d’honnêteté s’impose qui ménage les contradictions trop apparentes. Il faudrait plutôt les dire apparentées, comme liées par une sourde envie d’en découdre en lieu et place de notre vie ouverte à tous vents, comme si une béance mutuelle relançait le débat ancien, si ancien - antique, osons le mot -entre une vie vouée au monde sans relâche et cette part chercheuse de nous-mêmes qui s’ignore. Bannière qui claque au vent plutôt que girouette qui grince sur son axe, tel je suis, je crois bien.
Jean-Michel Guyot 7 mars 2016 |
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