Depuis que le monde est monde
Depuis quand ?
Depuis que les hommes font ce qu’ils font,
Ainsi font, font…
Fontaine sans fond,
Sang, larmes et foutre
Dans le grand maelstrom temporel
Depuis peu
Depuis l’épuisement
Mort d’épuisement
Vivant, épuisé
Epuisant, mort
Sortir des routines,
Infliger au monde la blessure ultime ?
L’effacer ?
Vieux rêve que les musiques assument
Les mondes saignent, purulent,
Bon an mal an s’exposent, s’abritent, s’améliorent, se diversifient, s’abrutissent
Et rebondissent en chacun, chacune
Depuis des millénaires
La fatigue musculaire est vaincue, mais la lassitude ?
Faut-il alors, de guerre lasse, passer le relais à plus combattifs,
Plus intransigeants ?
La paix jamais lasse, jamais atteinte, attend son heure dans les plis du temps
D’où vient que toutes les opinions se valent en ce monde ?
La libre parole a besoin d’entente,
Pour ce faire d’écoute
Mais qui parle n’écoute pas ou si peu
A qui parle doit parler le souci d’écouter pour entendre
En qui parle doit parler le souci d’entendre
Le silence effraie,
La parole abrite
Dans l’infini intersidéral,
Il faut être un dieu pour ne pas avoir les oreilles qui sifflent
L’impossible sous la figure du silence est le grand défi impossible à relever
Par l’humanité
Ni fin en soi ni pauvre moyen, il marque la limite mouvante du dicible
C’est merveille que de t’entendre, ami
Tu prends la parolesi aisément, et de bonne grâce
Tu me sais capable de t’écouter,
De te donner la réplique aussi bien
Un ami cher que je n’ai pas connu nous a dit un jour :
Knowledge speaks, wisdom listens
Sagesse de l’écoute qui fait son miel du bruit du monde
Et des paroles qui l’accompagne, le met à distance, le contredit
Ou l’amplifie
A toi de me dire,
Je t’écoute
Jean-Michel Guyot
31 mars 2016