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Question et réponse
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 Article publié le 24 septembre 2017.

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A qui cette adresse est-elle destinée ?
Cette question ne pouvait ne venir que d’un ange.
La réponse se faisait attendre, comme il se doit. Personne dans la chambre. Ombre et lumière d’été, une petite brise fraîche agitait mollement les rideaux translucides.
Temps suspendu entre enfance de l’art et art enfantin. Il devenait nécessaire de quitter ce cercle magique.
Il fallait retourner la question dans tous les sens pour espérer ne serait-ce qu’un embryon de réponse.
Mais qui accepterait de se retourner sur une question ?
Rouler dans la question, faire corps avec elle, voilà ce qu’elle me demandait avec insistance.
Il fallait marcher, beaucoup marcher pour espérer entendre une réponse audible, plonger le regard dans les bois du haut des falaises, avancer dans les reculées, buter sur une paroi, la gravir par des sentiers abrupts, longer les crêts, respirer profondément, marcher encore et encore sans autre but que de se griser de marche, s’enivrer de fatigue au milieu de toute cette beauté sylvestre.
Et puis rentrer à la maison, boire un bon verre de vin jaune, et écrire pendant des heures.
La question roulait sur elle-même durant tout ce temps, elle se mettait en boule puis dévalait la conscience, refaisait tous les chemins en tous sens, ivre de hauteur, prise de vertige, elle revisitait toutes les parois rocheuses, sillonnait les crêts ombragés à la recherche de cet autre qu’elle-même qu’elle appelait de ses vœux à travers moi qui en était devenu le messager consentant.
Message et messager, c’était tout un. Le consentement au message avait pénétré jusqu’au message lui-même, en affectait la teneur et la tenue. Il flottait désormais entre ciel et terre.
Ni le haut ni le bas n’étaient assez pour la question. Avec elle je partageaiscette quête de l’espace ouvert sur lui-même. Elle et moi n’étions qu’un seul et même temps que l’espace distendait à plaisir.
Poser son regard sur telle ou telle roche, tel ou tel bosquet nous ramenait à ce tout que nous devenions. Impossible de faire halte où que ce fût.
Se projeter au-delà de la question devint une nécessité.
Le corps de la question devenait immense, au-delà devait se trouver la réponse qui devançait la question depuis des millénaires.
Cette évidence insatiable allait m’occuper si longtemps, au point que compter les jours et les mois devint impossible.
Il devint clair que la réponse faisait corps avec la question, toutes deux s’entre-dévoraient joyeusement. J’étais celle qu’elles dévoraient, le point névralgique de leur existence pérenne.
Appelé que j’étais à durer au-delà de la question, en deçà de la réponse pour des millénaires, il me fallait m’endurcir, devenir ce dieu sylvestre qui se dissémine, écartelé en tous sens.
Dans la nuit, dans le jour, je m’adresse à toi désormais, belle de nuit, belle de jour, bête cornue aux mille apparences.
Le cerf est ton emblème, l’ours n’est jamais loin, les sangliers retournent les sols, et des meurtres de corbeaux accompagnent tes stances.
Dans Freyja oubliée chemine une femme souriante.
Toi seule entend l’appel auquel tu t’obstines à répondre depuis le foyer de nos rêves.

 

Jean-Michel Guyot
18 août 2017

 

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