Les escaliers sont raides qui mènent au grenier. Le sommet de la maisonnée se mérite. J’en ai les mollets durcis, mais mon souffle ouvre le passage, comme s’il me portait.
Je pousse la porte de bois clair. Elle est si sèche, elle grince sur ses gonds, résiste vaguement à ma poussée.
J’entre. L’espace est libre, nul objet massif n’encombre le grenier. Un seul objet gît en son milieu.
A vue d’œil, dans la pénombre, c’est un tapis rouge carmin enroulé sur lui-même, posé à même le sol. Par la lucarne, un jet de lumière douce tombe dessus, les poussières dansent dans ses rayons.
De petits crissements se font entendre, comme c’est bizarre ! Ils sont réguliers, presque imperceptibles, témoignent d’une présence indécise. Quelque rongeur, sans doute.
Mais voilà que le tapis frémit. Il s’agite de plus belle, remue, comme secoué par une présence en son sein. Je reste coi, intrigué, vaguement inquiet. Les crissements ont cessé, je m’en aperçois maintenant. Je retiens mon souffle.
Le tapis ne remue plus. Il faut que je voie ça de plus près. Je me penche, pose un genou à terre pour le dérouler. J’ai beau m’en saisir à deux mains, pas moyen de l’ouvrir Il résiste. Je recommence, tente de le dérouler d’un coup sec. Peine perdue. Il est comme scellé.
La lumière ne cesse de l’éclairer, je respire à pleins poumons les poussières, je suffoque. J’ai soulevé bien trop de poussière. Il faut que je recule un instant. Le tapis n’a pas bougé d’un pouce, et moi je suis couvert de poussière grise.
Je frotte pantalon et T-shirt noirs, ce faisant, je ravive le nuage de poussière suffoquant. Je recule encore et encore, pour échapper à la poussière. Me voilà à deux pas de l’ouverture de la porte.
Je n’ai pas dit mon dernier mot. Je veux voir les motifs de ce damné tapis enroulé sur lui-même.
Mais comment faire ? Les crissements ont repris, toujours les mêmes.
Jean-Michel Guyot
17 août 2017