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Sériatim 1 - [in "Seriatim"]
Sériatim 5 (Patrick Cintas)
![]() oOo Ô nuage des rêveurs d’oubliette ! La nuit est noire Autant dire sans étoiles et les draps sont si anciens Qu’il est inutile de songer à les nouer / farce Rejouée devant un public de rebelles salariés.
Entre la chansonnette poussée comme dans un berceau Et ces photographies du souterrain évolutif et noir La main ne passe pas ni le cœur pas même une idée
La bibliothèque universelle sera biotique Ou ne sera pas / j’en sais quelque chose ! Laissez-les venir / ma semence aime les culs
CHANSON POUR BILITIS
Entre le moule définitif Et la coulée en fusion Il ne se passe rien Que l’attente de l’ouvrier
Je suis cette machine / écrivant Pour suivre le fil et non pas Déroulant la bobine Au hasard du festin Ou de l’odyssée / selon
Ah ! qu’est-ce que j’ai aimé Croquer vos os charmants Sans briser la vitre / toutefois Du reliquaire familial
Rien n’est plus facile Que l’amour sans l’amour Que la haine sans la haine Que le poème sans poésie
Je reviendrai vous hanter Dans la chambre vous aimer Le soir après l’heure Du couvre-feu
(blanca)
Le chien semblait (était) séduit par toute cette poésie.
Ces esprits convaincus. Où est la sincérité Du débat télévisé ? « Je vais faire un tour Avec les copains : signifiant : tu m’emmerdes ! » En plan la gamine encore pas bien épousée. Le mioche au nez gluant comme la bouffe Qu’il ingurgite « entre latrines et… » / ici
Item trois bocaux contenant les déchets De trois opérations subies à l’hôpital. Carabas en fera ce qu’il voudra en faire. Je ne serais plus là (par sainte définition) Pour le critiquer. Il sait ce que j’en pense.
Item mon paletot des jours de tristesse. Les boutons (de la corne véritable) Iront à mon épouse qui en fera Ce qu’elle voudra. Mais que pourrait-elle En faire sinon tenter d’en négocier le prix Avec Carabas qui est mauvais en affaires ?
Item le langage contenu dans une des poches. Il ira au passant qui le premier foutra le feu Au reste de mes biens. Par décret d’en haut. Pas autrement. Sinon je redescends, Christ ou Vierge, Et je règle son compte à ce beau couple.
Je possède tellement depuis que je suis ! Qu’on me permette d’en rêver au lieu D’aller travailler au service de la société. Quelle belle matinée ! La dernière… ici.
Après Charybde ou Scylla (je ne sais plus) J’ai fait un somme sur le trottoir / ici Seul dans mon paletot avec dans la poche Un langage bien à moi / incompréhensible S’il ne m’appartient plus / que cela soit clair ! Quel moment ! Quel beau cauchemar en ode ! Et je n’en suis pas mort. La terre est dure À la nudité. Mais je n’étais pas nu car Je dormais tout habillé / ou / je dormais (je ne sais plus) (je fais tellement de choses) (je les fais en même temps) (et je m’y perds) (voulez-vous me suivre ?) l’été c’est l’automne Et l’automne c’est le printemps / j’enjambe Toujours l’hiver à la fin de la strophe /
Chaque fois que ça veut dire quelque chose Je prends la poudre d’escampette. Au large Moussaillon ! Sus à la baleine ! Je me nomme ! Ces discours de pot-au-feu n’entrent pas Dans ma poche. L’aventure a sa science Et ses observations. Le travail n’a rien à voir Avec la poésie. La poésie n’est pas le fruit D’un travail. Pourquoi dire ce qui n’est pas dit ?
Je fous ici ce que j’y fous. Travaillez pour moi. Nourrissez-moi. Entretenez ma saine activité. Baignez-moi dans vos baignoires. Montrez-moi Vos cuisses ô phénomérides ! Crevez déjà morts Dans vos démocraties, vos corporations, vos lois ! Et laissez-moi vivre dans les marges de la société Qui est tout ce que je sais de l’humanité.
N’est-ce pas, mon chien ? Dire ô dire Qu’elle n’est plus là ou qu’elle n’est Nulle part ! Toi et moi sur le chemin, Caminantes, surtout moi, car tu n’es Que ce que je ne suis pas : charmé D’entendre de si justes propos.
XXe / la Rhétorique et la Pléiade En collections éditoriales À la place de la Poésie Savantes émulations / et sincères ! Pound et Williams retrouvés ! La Tradition revient / la modernité S’éloigne / s’éloigne / s’éloigne Ô princes qui fréquentez les princes ! Que de poésie dans le Poème ! Oh que le Poème manque de Poète ! Didakticos de droite et de gauche. Période de gelée blanche Ô rayonnement nocturne De la Connaissance / Moralistes De la Forme / Sur le Noël, morte saison, Que les loups se vivent du vent, Et qu’on se tient en sa maison, Pour le frimas, près du tison Qui dit mieux dit TSE / pauvre poésie Des municipalités et des facultés ! Que vienne la seule démocratie ! N’en déplaise à l’ami Baudelaire Qui s’inventa une terrible histoire Pour retrouver le sens de la poésie Sans en venir aux mains universitaires Ni aux pieds des parasites électoraux.
Et ainsi de suite / sachant que toutes ces collections N’appartiennent qu’au Dépôt / que l’historien En nourrira les marges de sa propre invention / Si Dieu le veut / ou tout autre pirate Du Mérite et de l’Honneur / on ne fabrique pas La poésie avec les moyens de la poésie /
Voilà ce que je sais / et tous ces livres Que j’ai lu pour ne pas les lire / Toute cette « profondeur » littorale De coquillages vides et d’algues mortes / J’observais d’autres nageurs / plongeurs Benthiques / artistes sûrs / loin des châteaux Des princes de l’édition vassaux des clubs Sur le rocher assis tu contempleras Le rivage touristique et national Tandis que les attroupements Tourneront les pages de sable Et d’écume / si nous parlions d’amour ?
Rien n’est plus beau qu’un défaut de versification
Maintenant je sais où est la beauté Non pas dans la désobéissance Mais dans l’erreur inévitable / Quelle différence d’avec L’imposture post-moderne ! Quelle ode ! Quel aède ! Quel cul Dont personne ne possèdera la merde Au bout de sa queue ni de son index !
Je l’ai toujours su / cabane dans l’arbre Que détruisit l’entreprise chargée De la construction du nouvel ensemble Immobilier à vocation touristique
Ligne droite des points qu’on aligne Pour ne pas s’attirer des ennuis Et quand je dis ennui je dis douleur Sans alchimie ni personnage emprunté À la chronique la mieux partagée / Bon sens ne saurait mentir / déclin De tout ce qui n’est pas inventé / Chaque matin je mets le nez dehors Pour « trouver du nouveau » mais Tu as toujours le nez au milieu de la tronche !
L’existence est le seul poème / dommage qu’on ne connaisse pas Le moyen d’en traduire la quotidienneté Sans être forcé d’en faire le roman /
Si je t’aimais comme tu mens Je serais ton seul assassin
Voyez comme la plage noircit De loin ce n’est plus le rivage Qui s’impose au regard Mais à force de ciel L’invention de la seule comète
Chacun peut se croire Poète de sa propre poésie / Ô la belle définition de la démocratie ! Mais si j’en crois le vent Il ne s’agit pas de gouverner Mais de ne pas se laisser faire
Soulignement d’une manière ou d’une autre. À l’écrit comme à l’oral. Ce vent qui nourrit Malgré les trompettes de la saison. Ce qui reste se reforme sans cesse. L’intermédiaire est élu. Trahisons en vue. Vous apprendrez à vous fier à anything. Mais avec talent. Sinon vos besognes Éditoriales et ministérielles finiront Dans les myosotis. Avec votre nom.
Italiques ou modulations particulières de la voix. Reconnaissance de ces terrains inaccessibles Autrement. Drone survolant les limites sans En franchir les dents de scie. Revenir avec Toutes sortes de métaphores historiques Et même nouvelles. Des charretées de tropes. Vous m’en direz des nouvelles ! Bien sûr le ciel Les ciels d’autres ciels et cette couleur qui est ciel Celle de la profondeur. Des plongeurs heureux De remonter avec des coquillages comestibles. Ce ne sont pas les charmes de l’ivresse. L’ivresse Est aussi utile que l’art et même lui ressemble.
Chaque matin l’hiver comme l’été se souvenant De l’endroit où on a enterré son angoisse.
Seule une mort inopinée t’en délivrera.
Rôdant autour de ce lieu nécessairement construit À un moment ou à un autre de l’existence.
Je hais vos revendications de parasites du pouvoir.
En attendant tu ne creuses pas la question. Cette terre a de la patine maintenant. Donne-lui la versification de sa langue. Ou retrouve-toi dans un autre pays Ô voyageur qui ne voyage pas si loin !
Hébétement garanti dès l’entrée en matière. Des vieux assis. Ils ne meurent pas de faim. Pas même eu besoin de déterrer une angoisse Qu’ils n’ont pas enfouie sous terre faute de sens. L’égoïsme des jaloux et des hypocrites. Avec pour seuls prétextes des enfants et la patrie. Chacun se croit magistrat, mais seuls les élus (fonctionnaires et édiles) le sont aux yeux de tous. Ce regard finalement porté sur les autres.
Moi, ici, et tant que j’y suis, Je ne suis pas difficile à déchiffrer Je porte ma solution en exergue. Comme qui s’en irait nu acheter La nourriture de sa journée Avec les sous de sa descendance.
« Si vous voulez la paix, préparez la guerre civile » Vous voulez dire « tuer » ? Je n’ai jamais tué personne Pas même blessé (cœur à part) Mais je veux bien essayer « Si vous voulez la paix, préparez la guerre civile » Mon voisin a des dents d’or J’ai moi-même de vieux souvenirs À revendre avec leurs cadres Au fond du puits j’irai baigner ! « Si vous voulez la paix, préparez la guerre civile » Misez plutôt sur la poésie Que tout être sachant dire Peut donner à qui le cherche Ô le joli quatrain pacifiste ! « Si vous voulez la paix, préparez la guerre civile » Quel bon moment que le moment ! Tout le monde n’a pas le moment J’ai hérité la belle impatience Du dormeur qui se réveille enfin « Si vous voulez la paix, préparez la guerre civile » Ma voisine a des grâces d’aurore Je gratte le papier tous les matins Fenêtre ouverte et le balcon En forme de coquillage vide « Si vous voulez la paix, préparez la guerre civile » Le carré de gazon et ses chiens Je reluque l’or de mon voisin Quand il ouvrira la bouche pour Me renseigner sur son passé « Si vous voulez la paix, préparez la guerre civile » Que voulez-vous que je vous dise… ? Ces voyages avec le retour des bancs De thon au large de Dakar / je suis « ravi d’entendre de si justes propos » « Si vous voulez la paix, préparez la guerre civile » Le vent et le soleil sur ces éclats D’une écorce qui est toute ma vie : Jamais je n’ai autant chanté ! Je ne suis rien si je suis tout. « Si vous voulez la paix, préparez la guerre civile » « Ce qui reste d’un métier quand On a renoncé à l’exercer pour vivre. Pas même un camarade mort D’avoir avalé cette saloperie ! » « Si vous voulez la paix, préparez la guerre civile » L’animal tantôt furieux tantôt si proche. Jamais indifférent au moment de revivre Les pires moments de cette courte existence. Restes que les chats reniflent sans y toucher.
« Dites donc… Vous n’êtes pas facile à déchiffrer… J’en ai lu assez pour en penser quelque chose Mais pour ce qui est du sens, j’y reviens pas ! »
Ils voulaient foutre Beckett à la poubelle. Au feu ! précisa l’un d’eux. Tête d’abruti. Il porte sur lui la « tragédie » de l’imbécillité. Colosse qui se donne en spectacle bras en croix. Le sang est factice. Du sirop ou de la confiture. Une vierge (prétendue telle) secoue sa chevelure Baignée de soleil et de larmes gouttes de verre De pacotille. Un gosse exhibe sa boule de cire Plus grosse que celle des autres gosses. Christ.
Zapping à tous les étages. Mort dans l’ascenseur. Le bout du cercueil se met à râcler la paroi de béton. « Quand vous aurez le temps, pensez à ramener Les fleurs… » Les fleurs… J’y pensais en revenant. Le même bouquet déposé sur son paillasson Un an plus tôt. Qu’est-ce qu’on s’est aimé(s) !
Quel mal y-a-t-il à tuer un flic ? Vivement qu’on robotise la profession ! On numérisera la nôtre qui consiste à…
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