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Sériatim 1 - [in "Seriatim"]
Sériatim 14 (Patrick Cintas)
[E-mail] Article publié le 19 mai 2019. oOo Ça joue beaucoup aux entournures de l’existence. Ça se cherche un aspect / et qu’est-ce que ça trouve ?
L’humanité, en tous cas celle qui peut te lire, C’est toi et toi seul / et quand je dis seul…
On aime la trouvaille / l’écaille qui se détache Sous l’effet de la lumière / on a l’impression D’avoir trouvé soi-même / on se reconnaît
Le texte a vite fait De secouer ses manches de prophète. Il y a toujours un dieu Derrière la prise de parole.
Le poème comme excrément Après l’ingurgitation poétique. Qui veut lire ces déjections Devant tout le monde ?
Moi j’ai un bison et vous n’en avez pas. Vous n’en aurez jamais. Vous aurez autre chose Mais pas un bison®
(Un bison séminole)
Le même arbre dans le ciel En toutes saisons le même Avec ou sans ses feuilles Le même et jamais un autre.
Le soleil par intermittence Parce que le ciel est couvert Et que le vent en altitude Joue avec mes nuages gris.
Je franchirai une clôture Pour traverser le champ Et croiser les animaux, Frères des clochers.
Terre d’avant le printemps, Lourde aux pieds qui la foulent. Je ne sais pas où je vais. Je sais où je veux aller.
Quelle ode ! Quelle érudition Qui ne dit pas son nom ! Les toitures de mon village, Autant de chapeaux sur ma tête.
Le bois se consume lentement, Comme la chair de nos aïeux. Nous ne sommes plus cousins. La capitale a son langage.
Tu ne t’évaderas plus désormais. Tu promèneras ton chien d’enfer Parmi les canards sédentarisés. Un pêcheur saluera tes exploits.
Sinon la ville est loin d’être un enfer, l’ami. On s’y déplace à grand-peine, on y sue Sous l’imperméable ou dans sa chemise. La conversation se laisse aller en métropolitain. Une cigarette accompagne d’autres plaisirs Petits. On voit beaucoup de vieux qui peinent. Leurs filets aux commissions sont bien ronds. Les voilà au pied de leur immeuble, indécis. Ont-ils tous connu la campagne immobile ?
Quel chemin que l’attente au travail, l’ami ! Le soir tu te demandes Comment les uns trouvent Et les autres pas. À ce rythme la vie sera courte comme celle Des papillons. Mais qui a sa chenille en secret ? Guettant le moment où la nymphe (en principe) Annonce des nuits prometteuses de joies Créatives. Au guet l’employé de l’emploi ! Mais la nuit attend. Elle ne rêve plus. Elle se réveille Avant même D’avoir trouvé le sommeil. Quelle misère ces longues cigarettes de l’ennui !
Qui n’écrit pas, s’il veut écrire, s’ennuie. Qui écrit trop se demande s’il écrit Ou si c’est autre chose qui lui arrive.
Le poète est celui qui cherche le langage De ses observations. Et s’il ne le trouve pas, tant mieux !
Le sentiment est une idée de soi. Et l’idée, le sentiment que ce sont les autres Qui empêchent d’écrire.
Misère des pots de chambre qu’on n’utilise plus Parce que c’est plus facile d’ouvrir une porte Que de glisser sa main sous son lit.
Oh ces glissements sous les choses ! Ça vaut mieux que le scalpel. Rien n’est ouvert et tout arrive. Ainsi se recueille la poussière des parquets.
Poussières, moisissures, coulures, entailles, Réponses des surfaces, aveuglement tangent. Si possible la nuit quand le monde est endormi. Caressant les corps incertains de l’obscurité. Le poème peut naître aussi de ça. Que dis-je ? Il naît de cette exploration aveugle et sourde. Tu es celui qui cherche le langage des choses Nues. Les choses qui ne contiennent rien. Toute surface qu’elles sont ces choses dues À celui qui traverse le temps de cette manière. Bien sûr, tu voudras savoir qui t’accompagne. Qui donne un sens à ta solitude de caresseur D’objets ? Si ce n’est pas Dieu c’est donc Forcément mon double ! t’écris-tu dans La nuit. Et tu as parfaitement raison De le croire et de crier pour le faire savoir.
Cette obscurité de machine à tuer le temps N’est en rien un mystère ! Et tu cries dehors Ce que d’autres regrettent dedans. Honnête Et sincère poète, voilà ce que tu es au fond.
Alors au diable leurs raisons de croire ! Caressons le dessous des choses. Recueillons les produits de surface Sans nous soucier de savoir qui a raison Et qui a tort. Jouir est un devoir citoyen (rires).
Qui a le stream a la poésie. Moi j’ai le bison séminole. Je te salue, vecino.
Politique ? Mais oui que j’en fais ! Et même tous les jours. J’emmerde le bourgeois et ses larbins. J’ai des petites joies de temps en temps. Mais bon : si j’en avais l’occasion : J’hésiterais tellement à me servir de mon couteau Que je ne couperais rien / Je veux bien / à l’occasion / voler qui en a / / Mais voler une vie / /Même si elle colle à l’existence Au point qu’on ne sait plus quels chats fouetter / / Non / c’est trop difficile / « C’est au-dessus de mes forces. » Ce que j’aime ces temps gris / ciel bas / La tramontane s’est assoupie enfin : On peut sortir sans se les geler / Ça inspire la balade / mon chien Est heureux comme une femme Qui a obtenu ce qu’elle veut / Les jardins ne sont pas encore fleuris Les piquets se mouillent contre la haie. La brouette retournée abrite un petit animal. Sautant la clôture, j’aperçois des oiseaux migrateurs Traversant le ciel entre les nuages ces oiseaux Qui ne font plus rêver personne. « On y va en avion et pourtant on n’est pas riche ! » Vent à peine dans les feuillages presque nus. Mais la nudité n’appartient-elle pas plutôt À ces branches ruisselantes qu’un oiseau secoue Au rythme de sa poésie personnelle. « Tous poètes ! » Je ne me suis jamais autant ennuyé que cet hiver. Les flics sont toujours aussi minables. Beau métier pourtant mais qu’espérer de pauvres types Qui ont raté l’expérience scolaire promise par la République ? Qui ne se vend pas se condamne à la solitude. « Nous aurons des poètes au conseil municipal. Rien ne vaut la poésie quand tout va mal. Entretenez ce goût de la Beauté Dans l’esprit de vos enfants. Ne donnez rien qui ne vous soit payé. »
Beau ciel gris des matins tranquilles de l’hiver. « Je me demande où nous allons avec toi… » Le chien cherche son enfer et ne le trouve pas. Il aboie au lieu de se laisser charmer voire instruire.
Pensez bison si vous n’avez Pas le stream / pensez Aux côtes de la Florida / Elle vous le rendra
« Est-ce qu’on peut avoir envie de vivre le matin (comme ce matin tranquille gris d’hiver) Et se donner la mort en fin d’après-midi ? Je pose la question parce qu’on me l’a posée… »
La mort en fin d’après-midi / alors Qu’on n’y pensait même pas ce matin / Je veux dire : se donner la mort Parce que c’est tout ce qu’on possède vraiment Avec cette vie qui nous a été donnée.
« Prenez le café avec moi et on en parlera. » On parlait de tellement de choses Entre le matin (tôt) et la fin De l’après-midi juste avant Que le soir devienne totalement Nuit / même ciel que ce matin
La question de l’argent qu’on a Ou qu’on n’a pas / l’argent utile Si on veut continuer d’exister Sans se soucier de la faim Ni du froid / Sur le Noël, morte saison, Que les loups se vivent du vent, Et qu’on se tient en sa maison, Pour le frimas, près du tison Comme c’est beau la poésie Quand c’est bien fait !
Toutes ces choses si utiles ! Mais on n’a pas le choix. Malgré la philosophie Qui prétend le contraire. Le seul choix c’est la mort : Tuer ou être tué / se tuer « À la balle ou au boulot »
Misère de l’esprit mal nourri. « La faim n’est pas une bonne discipline. » Poésies. J’en retournerai comme ça tous les jours. Mais à quoi bon : Arthur avait ses colonies / pas moi !
C’est le refrain de la journée. Arthur avait ses colonies / tsoin tsoin Ce ciel gris que je me mets à aimer Comme j’aime ses arbres presque nus. Pas vraiment envie de quitter ce monde. Je le possède autant que ma mort. Et cheminant avec les Solitudes Dans la poche et un chien qui Cherche toujours son enfer Autre refrain / essayez donc : Arthur avait ses colonies J’aime l’hiver que je hais
Vous devriez travailler ça aujourd’hui Puisque vous n’avez rien d’autre à faire /
rien d’autre à faire / tra la la Arthur l’hiver et le travail du jour Le cul au sec sous la feuillée. Le chien s’est endormi dans son enfer. Quel rapport entretenir avec l’hiver ? Les bourgeons croissent sur les branches. La pluie de la nuit ruisselle encore. La tramontane s’est endormie dans son enfer.
Si vous m’invitiez à partager avec vous Un repas 3 étoiles et que vous me promettiez De ne pas me lâcher avant l’aube… ? On voit la neige Uniquement si le ciel est dégagé. Ce qui s’est perdu n’est-il pas oublié ? …Tiens le ciel est bleu maintenant… On dirait que les nuages fuient. Par effraction dans une de ces maisons Où le touriste se paie de notre tête. Les nuages se poursuivent maintenant ! Fuyant et revenant à l’assaut du bleu. J’ai toujours aimé vivre de vent. Hiver comme été le vent Dieu de la joie et des idées noires.
En ville les places sont occupées. Il n’y a pas de « citoyens ». Ce sont des habitants.
Moutons de Panurge des bateaux rentrant au port. Le même quai depuis des générations. Les chats sortent de leurs trous. Chaque sillage a son vol de mouettes. Moutons en route pour l’horizon. Ils habitent chez leurs parents. Ils reviendront toujours À l’heure des rites familiaux. Travail, famille, patrie : Pétain avait donc raison : C’est ce qui leur convient Le mieux : habiter sur terre Plutôt que d’en rêver. Et comme je rentrais au port À cheval (si je puis dire) Sur mon bison séminole / J’ai rencontré l’amour Ô filles d’Adam / rêveuses De capitales et de vacances !
« Entre les flics et les fils de famille Ah je vous le dis : on est mal partis ! »
« Auriez-vous raison contre tout le monde… ? Nous sommes un seul et même cerveau ! »
« L’effet d’un chou pourri sur un sofa de soie. Bon… d’accord… Mais ce n’est pas que ça… »
« J’ai appris hi-er… J’ai appris hiver. »
La tramontane profite du ciel bleu Pour revenir hanter nos cheminées. N’assourdissez pas le vieux Qui n’entend que ce qu’il veut. « Il y a tellement de belles choses à voir ! » Et : justement : je revenais d’un long voyage Au pays où le chant peut vous mener loin. « C’est en ville qu’on se sent le mieux. Prenez pour exemple les illuminations. C’est la Cité qui hante ces campagnes. Je suis. Donc vous n’êtes pas. Ah ! Ah ! »
Tristesse d’un passage où le forçat ne passe plus. Nous avons connu ça dans tous les ports. Pourquoi condamner celui ou celle Qui ne fait rien comme les autres ? Ces oiseaux migrateurs qui n’attirent plus le regard. L’écran multiplie les vitrines. Si vous voulez m’aimer Ne prenez pas cet air supérieur. Je ne suis pas que belle. Ce qu’elle pouvait être douce à cet endroit-là ! La différence entre vous et, disons, un criminel… ? Non… Je ne vois pas. Vous inspirez le crime. Après vous avoir lu, on ressent ce besoin De commettre ce qu’il est interdit de commettre ! Arrêtez-vous au bord de la rivière un jour d’hiver. Les galets ont acquis cette matité impressionniste… Bien sûr vous ne connaissez ces peintures Que sous le verre Qui les protège des outrages de la lumière. Éclats d’écailles dans l’opacité où plongent Les racines. Avec un peu d’expérience vous Les aurez pour rien. Conseil suivi dans l’après-midi Avant de songer à la mort en termes de poésie. Virginia au fil de l’eau Virginia ma maîtresse En poésie solitaire Il commençait (malgré lui) à organiser le poème Sur chaque page / se soumettant au format Comme lorsqu’il peignait sur des toiles achetées Par paresse / Virginia aux poches lourdes Dégoulinant dans l’herbe de la rive / les truites Étaient excellentes / et vous tenez là l’opinion De quelqu’un qu’on a élevé (façon de parler) Au bord de la mer / cercueil de Queequeg Vous sauve un narrateur qui sinon… / poésie Des coulures de rivière dans l’herbe haute Où le corps fut déposé / pourquoi se suicide-t-on ? |
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