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Seriatim 2 - [in "Seriatim"]
Seriatim 2 - invasion paronyme d’évasion (Patrick Cintas)
![]() oOo invasion paronyme d’évasion : au sommet Ces oiseaux qui naissent et qui meurent sans Nous / gravissant des chemins de roche et De broussaille / le ciel sans équation nature :
« je suis venu pour prendre des nouvelles » Dehors les cannes et les bâtons « appelle- moi comme tu m’appelais » / qu’est-ce donc Ce poème qui demande à être déchiffré ?
« ici est mort ton chien et là le meilleur de ta Race » / toiture romaine par la tuile et sans doute aussi par le châtaignier / Poussant la porte il voit la nuit d’hier.
Oiseaux et chats en ritournelle au poète Arrêté par le manque de sommeil / « hier ne sera jamais demain » / importance du Sexe comme pratique de la mesure à donner.
Quel humour ces murs ! Et ce faîtage plié Aux normes de l’arbre nu ! « ne viens plus si c’est pour critiquer » / au mousse perd La tête et retrouve la chaleur de son lit.
Glaciations aussi Vents du Nord et Ubacs des animaux Perdus au jeu de rôle
Crâne saignant au granit La clôture est l’enjeu Ces gouttes acquises Et toute cette jeunesse
Vieille jupe aux lueurs De sa cheminée d’été Car le temps change Au gré des constantes
Chat des genoux et des épaules
« je ne suis pas venu pour tout recommencer. je ne connais que cette suite en mi bémol majeur. la poussière des génoises, les fientes d’hirondelles, les traces de la couleuvre entre les pans et cette femme que tu n’as pas connue car elle appartenait alors à une autre race de conquérants / du Nord au Sud les tertres en réseau / ces noms qui ne sont pas les miens / rosier des fondations si vieux que sa floraison envahit l’escalier des greniers / enfant tu trouvais aujourd’hui tu cherches / l’oubli semble majeur et la chanson à la mode ou pas / question de temps / en étranger le temps / l’un à l’autre épistolaires et approximatifs / comme si le roman rencontrait sa fin au lieu de la préparer / venu oui mais pas pour ça : ni revoir ce que poussière et patine retiennent à la surface : ta surface de pierre »
La mort aurait un charme d’antan Si j’ai bien compris ce que tu dis Maintenant qu’il est trop tard pour Aimer comme croissent les printemps.
L’Histoire veut des croix vieilles et torses. La glaise des allées a mangé son gravier.
L’or même connaît des oxydations en creux.
Qui n’a pas souri en retrouvant la mémoire ?
« je t’ai connu fidèle à l’écorce » Certes les surfaces de ces enjeux Et les courses à la Lune des rivières. Ce sont mes pieds qui croisent mes pas. « quelle étrange sensation te revoir ! » Même éclat du verre dépoli par la vague Et le sable associés. Mêmes repères après l’écume sonore. Ces bois sans écorces, couchés comme morts, En croix ou alignés aux limites. Le chien étonne le coquillage ou le contraire. Qui habite qui une fois que le testament Révèle quelques erreurs de versification ? Ces fers qui retiennent encore, nœuds vivaces Aux poulies noires de graisse, ces enfants Dans l’eau qui ne les nourrit plus, ce que Nous avons contribué à changer sans crier Gare, les blockhaus de l’orgasme et de la peur.
La possibilité de la langue N’est pas joué aux dés.
Assailli, il ploie. Il écrit à son fils Caché. Il ne sort plus le matin. Le soleil a changé à ce point. Il écrit que tout va bien pour lui.
Possibilité de dire et surtout De redire.
Plié il geint. Il flotte aussi Comme odeur dans l’air. Craint la fenêtre ouverte Mais ne sort pas du lit.
Quelle angoisse, mes vieux ! Je ne sais plus si c’est encore Possible, et ainsi s’adonne Aux missels des pauvres.
Cette fois les mots ont un sens.
Mais qui n’en a pas ? Qui parmi eux ? Qui se tait ?
Partirait bien à sa recherche. Mais il se met à pleuvoir. L’autan est noir ce matin. La montagne me l’avait dit Hier, avant que je me couche.
Glaise aux herbes rares des perpendicularités. On y jette des corolles ensoleillées comme qui Ne regarde pas à la dépense en ces nuits de veille. Fatigué d’Histoire et de Géographie, de Politique Aux autels du Savoir, et de tant de Majuscules Acquises non dans l’action mais par paralysie.
Angles sévères aux courbes de corps à portée, Voilà ce que sont ces tombes et les visites sont Payantes depuis que l’idée même de Dieu N’effleure plus l’esprit, crasse des oreilles Aux enfances de cire, abeilles des ruches folles.
Plus loin la terre descend en mottes jaunes Vers des plages de feu, soleil revenu en étranger Pour tout le monde ! Y compris les visiteurs Transparents — un pissenlit dialogue en racinien Avec le souci venu en véhicule, poussées des vols.
Invasion/évasion des courses folles. Qui n’est pas nu dans ces conditions ? Entre terre et ciel tout se passe, rien N’arrive et les messages se perdent Ou perdent leur sens, leur portée D’infini, croissance des semblables.
Les logis descendent avec la pente. La ruine ne lutte pas, extase sommaire Des lieux, « je suis venu pour te voir, te voir et te parler, te parler et te dire que je n’ai pas oublié ce que j’étais venu chercher sans toi » / traces de tuiles.
Il monte nu et redescend à l’adret, seul Et pas mécontent de l’être vraiment, gai Au mot qui vient avec la langue, connaît La lumière et ne s’en étonne pas autant Que toi : je sais pourquoi il est venu, moi.
Carcasses des temps encore à venir au Seuil, il n’y a rien à explorer, sinon en jouir Et peut-être en témoigner en soignant L’expression selon les usages les mieux Partagés, histoire de n’être pas venu pour rien.
À portée de la main les choses. L’Homme les a conservées en jaloux Et en hypocrite, sans veille du temps. La pierre connaît le fil et le fil son métal. Cul-de-sac des aphorismes en beauté. Qui connaît meilleure expression en vers ? Le temps impose des épisodes et l’art Veut des tragédies avec leurs comédies En entracte, comme tu files ta laine. Les choses ne sont pas loin de soi. On en connaît les propriétaires comme Si on était déjà venu, visiteur impatient. Feu des cuissons et des regards dans l’ombre. Le chat que tu caresses est mort depuis Longtemps, l’évier est encore gras, presque Humide, le four contient des enfances Sucrées, la chair sent l’ail et le vinaigre.
« je suis faite pour toi » et elle répète La leçon en espérant ne pas trop crier Le moment venu, espoir des rues désertes.
« ne goûte plus, prends ! »
« j’ai appris à rimer en rimant » On usine mieux à la maison, vieux. Ça grinche aussi sans résonnance. Qui n’a pas tenté un refrain, au Moins le temps de ne plus y penser ? Ouvrager les meubles et les stucs De la maison bourgeoise à la peine. En ouvrier comme en artiste, mort De fatigue au point d’oublier la douleur. En chemin le poil des joues repousse. Et dans le cercueil on devient barbu. « je vais au bal pour connaître le monde » Promis de s’en tenir à un verre et pas plus. Pas tacher le col de la chemise et veiller À ne pas égarer les boutons dans la lutte. « j’en ai appris des choses quand j’étais jeune et maintenant les choses riment à quelque chose » / patiente l’existence À usiner la ressemblance, patiente avec Style si on aime les traversées géographiques. Dans la rue les poubelles s’enracinent. Le pavé s’use comme les semelles. Question de temps sur le tapis des jeux. Au bal s’en va gaîment la clope au bec. Connaît les bifurcations et les angles morts. Retrouve les degrés de sa foi en l’homme. « quelque part et en un temps qu’hélas je ne connaîtrai pas car je suis trop jeune » Mais y court, et vite encore, le fer à la semelle Et le mors au dents / agile comme l’animal Qu’il n’est plus / gardien jaloux et hypocrite.
Écrit enfin à son fils : Tu sais (ou tu ne sais pas) Que tout est permis ici Et que l’art consiste À éviter les ennuis. Je n’ai jamais aimé personne. Je reviens pour revenir, Des fois on ne sait jamais Que j’aie perdu quelque chose Avant de prendre le large. Je ne sais pas sous la table Ou dans les mêmes draps. Avec ou sans rime, une trace D’escargot, une goutte de sang, Le cri d’une blessure, la foi. J’écris pour ne pas le dire. Et au lieu de signer il caresse l’écriture, À peine ce relief et ces creux, non pas L’écrit mais ce que ça voulait dire Au moment d’y penser, un jour de pluie Et d’escale.
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