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Gorgonéion
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 Article publié le 13 décembre 2020.

oOo

Ecrire, ces derniers temps, ne me rend « qu’à moitié heureux ». Mais alors, où se trouve donc cette autre moitié manquante ? de quoi, de qui dépend-elle au juste ?

Une fatigue n’explique pas tout, ni la lassitude.

Et je songe au bouclier de Persée.

Voir sans voir, par le biais d’une sorte d’espèce de miroir poli à l’extrême.

Ainsi donc, les photons ne doivent pas tout d’abord toucher la rétine du voyant mais la surface impeccablement lisse d’un bouclier poli à souhait ; ce n’est qu’à ce prix que l’inimaginable peut être regardé, envisagé, imaginé, ainsi rendu docile, presque inoffensif.

Ne reste plus, dans ce dédale d’images indirectes, qu’à trancher dans le vif du sujet optique. Il faut, de toute urgence, rapporter la tête immonde à la déesse Athéna, c’est la sagesse-même, même si la guerre et ses combats sont pour elle aussi, en d’autres lieux.

Indirectement.

Ainsi donc, s’il m’arrive d’affirmer quelque chose, c’est plus par jeu - jeu de lumières induit par la présence d’une menace existentielle - que par je.

Non que je me défausse ou me débine. Je fais bien sûr partie intégrante de l’équation en train de se jouer « sous mes yeux » mais il s’agit, dans le même temps long d’une réflexion asymétrique, de déjouer l’équation trop encline à se refermer sur elle-même.

Cela revient à affirmer « des choses » pour avoir le plaisir d’être complété, corrigé, rectifié voire carrément contredit, surpris toujours.

En cela, aucun auteur, à mon sens, ne peut se targuer de brandir la tête de Gorgone pour figer-pétrifier le flux incessant de suggestions qu’est le monde dans sa pluralité.

Ajoutons que ce dernier est comme un enfant encore inconscient de ses dons : c’est à nous qu’il revient - qui que nous soyons - de lui révéler non ce qu’il est mais ce qu’il porte en lui d’étrange, comme si, étranger à sa propre marche, il lui fallait cette démarche toute humaine qui entreprend de le faire advenir une deuxième fois dans le langage-miroir, sûr bouclier tenu de la main gauche, la droite étant serrée sur le glaive tranchant qui mettra fin provisoirement à son jeu de lumières qui menace de nous pétrifier.

Ce qui signe, au fond, la mort de tout texte qui se prétend canonique.

Tout texte, dans cette perspective restreinte qui a mes faveurs, serait pour ainsi dire l’antéfixe nécessaire mais non suffisant, loin de là, à toute construction digne de ce nom, construction en permanente expansion, comparable à un palais achevé-inachevé auquel viennent naturellement s’ajouter au fil du temps des ailes et des façades, des ornements et des jardins imprévus pour le plus grand bonheur de visiteurs pétris de démocratie.

A un dédale, il faut plusieurs entrées, à défaut d’issues certaines. D’aucuns s’aventurent dans le dédale ainsi créé-recréé, tandis que d’autres se contentent de renifler ses parages avant de détaler, rebutés voire franchement dégoûtés.

Dédalez ou détalez, c’est comme vous voulez, quand vous voulez !

 

Jean-Michel Guyot

6 décembre 2020

 

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