Du poignet jaillit l’immortel sang de la déesse

L’ichor tel qu’on le voit chez les dieux bienheureux :

Ne consommant ni pain ni vin aux reflets flamboyants,

Ils n’ont pas notre sang et portent le nom d’Immortels.

Homère

*

Poésie sur commande

Ne se peut

Princes et roi se sont envolés

Sous d’autres cieux

 

Poésie à la volée

Ne se peut

Vitres baissées,

Les chauffeurs-chauffards du dimanche

Préfèrent délirer sur un air de rap

Mal ajusté à leur look dépenaillé

 

Un acabit en valant bien un autre

L’ichor se fait liqueur des nouveaux dieux

Mais fétide la blessure purulente

Au poignet de la Belle endormie

Elle se réveillera tantôt

Dans un hôpital de fortune

Au milieu de la brousse

Et dieux que j’aime la bête velue

Qui gratte sans vergogne son dos blessé

A même un grand cactus 

A même le sol pierres précieuses

En nombre devisent sur la marche à suivre

*

Tambour battant

Les ailes du désir repliées

Berlin atone s’enlise

Et dansent par les rues les sirènes nombreuses

Sourdes, vous entendez bien, sourdes

Sont les sirènes de nos jours

Sauf pour les pompiers

Les ambulances défaillent

Les trains déraillent

Rien ne va plus

Faites vos jeux !

*

L’ichor se fait attendre cet automne

Nos dieux languissent dans les langes

Passe un ange à la vue égarée

Qui se penche sur la blessure d’Aphrodite

Et bien lui en prend

Tant la divinité à ses ailes s’échauffe

Et s’élance

Sans aile ni air, la voilà

Qui danse, invisible, devant un parterre de satyres enjoués

Montés tout de go au septième ciel

Par un effet de la divine Providence

 

Toi, c’est à pas de louve que tu danses

Tu avances dans le poème avec une infinie prudence

Chaque fougère cache un secret

Qu’elle transmet aux taillis verdoyants

Qui les dissimulent tant et si bien

Qu’ils disparaissent à jamais

 

Morne la saison bientôt

Il faut te hâter

Et tant pis pour taillis et fougères du poème

Que tu écartes doucement

Pour y voir plus clair

 

Jean-Michel Guyot

17 septembre 2023