"Chaque odeur d’enfance est une veilleuse dans la chambre des souvenirs", nous disait Bachelard dans sa poétique de la rêverie. "Dans la draperie des jours" paru aux Editions Editinter, Françoise Urban-Menninger convoque les fantômes de son enfance dans la maison familiale située sur les bords du Rhin à Kunheim, un petit village où s’inscrit dès lors la rêverie intérieure de l’auteur. Odeurs, couleurs, images d’antan donnent aux réminiscences la musicalité des grandes fêtes recommencées.
" sur la table en chêne
où l’âme a gravé son poème
le temps n’a pas oublié la danse
des assiettes en faïence
la louche en argent
y suspendait le temps
pour soulever dans la soupière
des flocons de lumière
qui neigent encore dans le silence
de ma page blanche"
Et l’auteur de revenir sur l’image de la mère qui hante ses vers :
"dans la coupe de lumière
de chacun de mes vers
se reflètent les yeux de ma mère
elle enracine ma mémoire
dans une roseraie de moire
qui embaume mon âme le soir"
Les poèmes de Françoise Urban-Menninger nous font indubitablement signe au-delà même des lignes où vivants et morts se rencontrent dans la pleine lumière de l’âme.