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Pourquoi Le chasseur abstrait ?
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 Article publié le 1er février 2008.

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I - Pourquoi Le chasseur abstrait ?

Le chasseur abstrait ne répond pas en effet à une « demande » du marché. Ce marché est saturé de propositions « littéraires » en tous genres. Seuls quelques éditeurs, sur les plus de 1500 qui agissent en France, tirent leur épingle du jeu et imposent la marche à suivre. Il s’ensuit depuis longtemps une organisation puissante qu’on appelle la « chaîne du livre » et une méthode d’édition particulière d’ailleurs définie par la Loi et des usages régaliens. Cette « économie du livre » n’atteint certes pas les dimensions d’une véritable industrie, mais son emprise sur la société est telle que tout autre dogme est violemment rejeté par ses acteurs. Cette économie révèle des comportements « culturels » tout à fait semblables à ce que les religions de tous poils tentent de faire subir à une société dont le rêve est pourtant parfaitement démocratique. Mais ici, la révélation tient à des comptes tenus au jour le jour et non pas à la parole divine.

Un des points cruciaux de ces analyses fébriles, c’est la gestion des stocks. Comptablement, il y a une grande différence entre une gestion qui stocke et celle qui ne stocke pas. À tout prendre, l’entreprise qui ne stocke pas, et qui s’est donc équipée de technologies de production à la demande, peut introduire dans sa comptabilité des options sur le futur de ses ventes. Deux mondes s’entrecroisent actuellement : celui où le livre est stocké, que ce soit chez l’éditeur ou chez le diffuseur/distributeur, et celui où le livre ne sera fabriqué que s’il est demandé. Un vieux monde et un nouveau. Mais un monde nouveau qui s’en prend aussi bien à la gestion des stocks qu’à celle des moyens humains et donc du travail. Le vieux monde tremble sur des assises de moins en moins viables et le nouveau menace des équilibres qu’on croyait acquis, et si on n’y croit plus depuis longtemps chez les retardataires, un combat s’est en tout cas engagé pour ne pas céder la place aussi facilement, combat d’attente le temps de recycler les vieilles installations et de laisser crever les vieux esprits.

Curieusement, les petites voix de l’édition habituellement écrasée par la grande trouvent des ressources dans les nouvelles technologies, et ce, à un prix abordable. Du coup, la petite édition (quelquefois auto-édition) devient un combat contre l’économie en place et rejoint le combat non moins nocif des nouvelles conquêtes. Cette petite édition s’allie à un futur qui ne la ménagera pas, d’autant que la future économie du livre sera toujours dans les mêmes mains.

On voit à quel point la petite édition est une espèce de pis aller, petit personnage voué aux gémonies. Une récente parole d’un des « grands » retentit encore dans la cour des petits depuis qu’elle a été solennellement prononcée : les petits éditeurs prennent trop de place en librairie et au Salon du livre[1]. Trop, c’est une promesse de combat à mort dans le cadre d’une économie du livre qui va certes changer sa méthode, mais qui ne changera rien par élimination du dessus du panier. Une aristocratie se met en place à la faveur des nouvelles technologies. Jusque-là, il s’agissait au pire d’une bourgeoisie installée presque « institutionnellement ».

La petite édition n’a plus sa place dans l’économie du livre, celle que les libraires soutiennent encore à bout de bras en attendant d’aller se faire embaucher comme « techniciens » dans les grandes surfaces. Si le rêve démocratique demeure vivace dans les esprits, surtout à une époque où les « religions » devraient inspirer une louable horreur, la « réalité » impose à l’existence les pratiques non moins épouvantables d’une économie prometteuse de ravages incalculables.

C’est dans ce cadre forcément étroit que Le chasseur abstrait, né de la pratique de l’Internet, propose ses services et sa lucidité. De fait, cette maison d’édition n’a jamais consulté le « marché » pour interroger le consommateur. En termes commerciaux, on dirait que cette « entreprise » est incohérente puisqu’elle n’établit pas de lien entre sa production et une demande bien ciblée. Elle l’est d’autant plus que son activité répond à une demande qui ne conditionne absolument pas le marché : celle des auteurs qui veulent être « publiés ».

D’ordinaire, ce genre de réponse est fourni par ce qu’on appelle l’éditeur à compte d’auteur, entreprise le plus souvent crapuleuse comme l’expérience l’indique avec la même fréquence. Or, Le chasseur abstrait ne publie pas à compte d’auteur ni surtout à tour de bras. Cette maison d’édition pourrait alors passer pour l’outil d’un dogme, littéraire ou autre. Il n’en est rien. Ses publications ne relèvent pas d’une école de la pensée ou de la pratique littéraire. Ce qui suppose qu’aucune force agissante, du type politique ou religieux, ou simplement spirituel, ne concourt à son économie.

Alors quels sont les choix du Chasseur abstrait ? Voir deuxième partie de cet entretien.


[1] Voir nº 32 de la RAL,M ici.

 

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