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 Article publié le 8 octobre 2012.

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De toutes les vérités que tu auras pu assembler, rassembler, tu feras une ronde enfantine, un collier de perles de corail rouge ou bien encore un anneau de vertus si folles, si tendues que la lumière apaisante censée en émaner fera le vide autour de toi, tant et si bien qu’il ne te restera plus alors qu’à plonger dans l’obscurité la plus totale.

Autrement dit, la ronde, le collier ou l’anneau de vertus que forment tes vérités savamment, audacieusement arrangées, loin de faire toute la lumière sur ton univers, bien au contraire, en épuiseront le rayonnement, te contraignant de manière insigne à sortir du silence pour dire enfin l’obscurité assaillante, défaillante qui t’appelle.

Plongée dans l’infini des possibles, griserie, oubli du temps, des obligations, des devoirs et des peines, des joies anciennes aussi, des tâches même, tout cela gommé, oui, le temps de vivre l’avenir à même l’instant.

Celui-ci relaie celui-là, l’embrasse et l’embrase : la lumière qui en émane est de maintenant.

C’est bien la seule fois dans la vie où voir prend tout son sens : hors fascination, hors prévoyance, le regard n’est ni rivé sur le passé proche ou lointain ni anxieux de voir monter à l’horizon un imprévu désastreux, il se fait tout entier souci de l’instant qui s’abîme dans l’instant, sans perte, sans reflux, sans fluctuations véhémentes ou doucereuses : regard qui appelle le regard à l’écoute de qui entend la haute parole d’autrui : poésie.

Cette fois se répète à chaque page, déchirante.

La béance et l’obscurité, les voilà, mes amies de toujours, amoureuses toutes deux de ce tiers qui les inclut comme deux contraires bien faits qui s’attirent afin de mieux se tenir en respect.

N’était le respect induit par la contrariété, la contradiction qu’ils constituent chacun pour soi, mais aussi l’un pour l’autre, s’évanouirait, laisserait place à la blancheur de neige que ton cœur appelle au sein de l’hiver serein offert à tes regards et à ton souffle depuis ton retour au pays natal.

Mais, si fort, si intense et si heureux que soit l’hiver, c’est le printemps qu’il te faut, et ce, non comme un manque, comme une blessure ou bien encore un souvenir enfoui soudainement renaissant, mais, une fois encore, et bel et bien, comme un appel à entendre l’appel perdu dans le vent, retrouvé par tes soins, et compagnon de ton souffle. 

Les épicéas semblent venir à nous à mesure que nous avançons vers eux, droits qu’il sont dans leur écrin de neige, et serrés les uns contre les autres à bonne distance, ils scandent la battue silencieuse de l’hiver heureux : leurs ramures qui ploient sous la neige relancent l’appel de l’obscurité et la béance en son rejet. 

La béance passe dans l’obscurité, en interdit l’accès qu’elle ménage à qui, par-delà obscurité et béance - lourdeur et légèreté aussi bien, de mœurs, de styles, d’élans - s’ouvre, le temps d’un poème, cet espace autre qui tinte dans le silence, tente une parole qui le brisera sans le détruire pour autant.

Jean-Michel Guyot

7 octobre 2012

 

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