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 Article publié le 21 avril 2013.

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Tu seras aimé le jour où tu pourras montrer ta faiblesse, sans que l'autre s'en serve pour affirmer sa force. - Cesare Pavese

Ainsi je pourrais montrer ma faiblesse à celle dont je n’ai pas à craindre les foudres ou les fourches caudines de la colère froide.

Peut-être… Je suis sceptique.

Montrer sa faiblesse ou bien la dévoiler ?

La dévoiler plutôt, dans les menus actes de la vie quotidienne, et sans intention de montrer quoi que ce soit : on laisse échapper cette part maudite de soi qui nous échappe quoi qu’on fasse. On la sacrifie gaiement sur l’autel du respect qu’on veut inspirer, on y consent par calcul. Voilà une perspective qui ne m’enchante pas.

La citation de Pavese va au plus court. Sa pensée est trop rapide, elle ne respecte pas la temporalité propre au dévoilement.

La phrase de Pavese est décontextualisée. Le dévoilement a toujours lieu dans un contexte : entretien d’embauche, examen, jeu de séduction.

Pavese part d’un présupposé : tout le monde aurait une faiblesse à cacher et une force à exercer, car enfin il faut bien supposer que force et faiblesse coexistent chez tout un chacun.

Ce n’est pas si simple : il existe des forces subreptices, latentes même, qui ne trouvent à s’exercer qu’en présence d’une autre force, et cela ne débouche pas nécessairement sur le combat à mort de deux individualités.

Forces qui dévoilent leur intempérance ou bien au contraire leur extraordinaire sens de l’à-propos dans des réponses courtes et sèches, des gestes sûrs, des actions d’une efficacité redoutable, un éclat de rire, un mouvement d’humeur heureuse, un sourire.

On se découvre porteur de forces qui nous portent.

Alors seulement commence ce travail de l’ombre et de la lumière, cette coexistence pacifique de temps forts et de temps faibles propre à une vie assumée pleinement, sorte d’oasis dans le grand désert morne de l’existence indifférenciée, soleil partagé de la chance.

Il ne s’agit pas de tomber les armes ou de baisser la garde, quand on aime, mais tout au contraire d’exercer pleinement les forces qui s’exercent à travers nous, en accordant toute sa confiance aux accords qui se dessinent, jamais achevés, toujours esquissés sans aucun esprit d’esquive, entre deux forces qui se reconnaissent, s’apprécient, s’exercent pleinement l’une par l’autre.

Que ton humeur lance ce chapelet de notes que je reprends à la volée, voilà mon bonheur.

Entre improvisation et composition, voilà que les mélodies de nos vies s’entremêlent et se disjoignent, s’étreignent et s’éloignent l’une de l’autre dans l’amour des sons qui nous vont bien. 

Il ne tient qu’à nous d’en faire une envolée lyrique, un moment de pure intimité chambriste ou bien une âpre ou douce chanson.

Toujours le chant, mélodie qui se découvre mélodie, invente ses accords, en change, les permute, les renie ou les modifie.

Aucune plate complétude n’est recherchée, aucun comblement : la merveille des accords tient dans le fait que chaque note résonne en compagnie des autres, sans renoncer à elle-même.

 

Jean-Michel Guyot

8 février 2013

 

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