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L'œuvre en devenir
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 Article publié le 1er avril 2014.

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Contrairement à de nombreux compositeurs qui ne laissent pas ou peu de traces de leurs esquisses, Hendrix a laissé de nombreux enregistrements qui permettent de suivre l’évolution - la maturation - d’une composition, l’improvisation lui ayant permis de dégager des possibles qu’il sélectionnait après une écoute rétrospective.

Je songe aux diverses versions de Come on, et bien sûr, au premier chef, à Machine Gun et Voodoo Child, deux de ses pièces maîtresses. GypsyEyes permet de suivre pas à pas l’énorme travail de studio opéré sur le son par la truchement du mixage.

Tant le studio d’enregistrement que la scène lui auront permis de développer, d’enrichir et d’affiner ses compositions, mais avec lui c’est la conception d’une œuvre achevée, fermée sur elle-même qui est battue en brèche.

Il rejoint ce faisant une conception ouverte de l’œuvre musicale qui devient un work in progress, une œuvre en devenir, comme chez Pierre Boulez.

Chaque version a son intérêt propre, soit qu’elle permette d’aboutir à une composition solide qui se tient enfin, soit qu’elle constitue une simple étape vers une version jugée satisfaisante, mais révisable au cours du temps.

Aux dires des ingénieurs du son qui travaillaient avec lui, il avait une idée très précise de la façon dont une pièce devait sonner, et chaque tentative était une approche du son désiré.

La substance de la composition, son ossature et le son global désiré - sa couleur orchestrale - , voilà les trois dimensions qui émergent au fur et à mesure des essais qu’on peut entendre.

Ainsi certaines œuvres ont trouvé une forme quasi définitive - par forme, j’entends les trois éléments compositionnels dégagés plus haut - toujours retravaillées sur scène par l’improvisation, parfois « revisitées » délibérément en studio, tel Stone free, les conditions d’enregistrement plus favorables permettant d’aboutir à une œuvre plus conforme à l’idée initiale, tandis que d’autres n’ont jamais trouvé de forme satisfaisante et sont restées des documents de travail, des esquisses de plus ou moins grand intérêt. Je songe aux diverses version de BurningDesire ou de Room full of Mirrors qui conservent toutes un arrière-goût d’inachevé.

Chaque version, aboutie ou non, constitue un jalon sur une route qui se dessine au fur et à mesure que la composition progresse.

Cette conception, cyclique pour une part seulement, de l’œuvre toujours à venir, me semble ainsi rejoindre cet art du temps comme procès que l’on trouve abondamment illustrée dans la tradition chinoise.

 

Jean-Michel Guyot

23 mars 2014

 

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