La peinture nous force au silence pour nous rendre capable d´entendre sa rumeur. La poésie propose sa rumeur pour nous rendre sensibles aux couleurs du silence. (Michel Butor)
Dans tous ces livres, la caractéristique commune est le rejet de l´illustration, au sens traditionnel du mot, c´est à dire une illustration servile et littérale, qui a pour fonction principale celle d´adapter l´écrit au lecteur.
Ici, l´illustration est parallèle au texte. Le texte et l´image vont de pair. Ils sont associés de telle manière que l´on ne lit pas l´un sans regarder l´autre. C´est leur globalité qui s´offre au regard du lecteur.
C´est ce que je cherche quand je mets en image un écrit.
Lorsque une lecture m´émeut, me bouleverse, m´ensorcèle, j´ai besoin de la traduire, de l´écrire avec les mots qui sont les miens : la ligne, le point, la couleur.
Cette rencontre avec un autre artiste va générer toute une angoisse liée à la création même : les tâtonnements, les inquiétudes, les détours, les directions, les découvertes. Jusqu´à trouver les matières, les rythmes, les couleurs, la composition. Jusqu´au moment où ça y est, c´est ça... où l´objet-texte est devenu l´objet-œuvre... où l´image dit ce que le texte suggère... où l´osmose est créée... où le texte illustré peut être proposé à l´écrivain, au poète. Alors une autre histoire commence...
Ce que je recherche dans ma démarche de peintre illustrant (au bon sens du terme), c´est que mes images rendent l´œuvre nécessaire.
Stances pour un siècle épuisé sauvé par quelques-uns
publié ici intégralement avec l’aimable autorisation de l’auteur et de MÉLIS Éditions
Les Stances sont publiées dans Le voyageur de l’entretemps.
« [...] le simplisme vertueux, écrit Robbe-Grillet[1], angélique, de nos discours théorisants des années 55 à 75, tout en créant des malentendus graves dans le public, a d’autant plus largement contribué à leur diffusion. Mais à quoi bon, direz-vous, diffuser des malentendus ? Eh bien, parce qu’il est probablement impossible de divulguer autre chose concernant les oeuvres fortes au moment de leur parution, à cause de leur nouveauté trop abrupte et à cause de leur complexité, de leurs contradictions internes. Il n’y a pas de bien-entendu, dit-on en informatique, en dehors de ce que savait déjà le destinataire du message, ou du moins ce dont la probabilité était déjà très forte pour lui. »
Mais Robbe-grillet omet de dire qu’il y a des oeuvres simplifiables et d’autres qui ne le sont pas, si sa théorie de la nouveauté est encore valable, parce que ces oeuvres sont moins reconnaissables. Il faut un minimum de reconnaissance pour inspirer la simplification qui explique en termes clairs ce qui s’écrit autrement. Bernard SAULNIER, un écrivain canadien, dit quelque part, en substance, qu’il y a des écrivains qui écrivent de manière compliquée ce qui est simple, et d’autres simplement ce qui est compliqué. Voici deux temps à saisir au vol des littératures. - Cette capacité pulsatoire qui scande le voyage au fil d’entretemps donnés comme instants impossibles à saisir et à rémémorer autrement. Ces
Stances font le tour. Qui, écrivant, ne s’y risque pas un jour, quitte à
simplifier ? Reconnaître, c’est se reconnaître, entre le fil interminable des littératures et celui, plus prompt à se rompre sans prévenir, des amours et des amitiés.
Patrick CINTAS.
Jean ORIZET - Le voyageur de l'entretemps La poésie est l'essence d'une représentation. Celle d'ORIZET est peuplée. On ne la saisit pas à travers la lorgnette d'un théodolite, mais dans l'effort d'une levée de rideau auquel nous invite le souffle.
Les livres publiés depuis quelques années par les éditions Caméras animales sont toujours construits. On n’y développe pas des introductions pour les conclure par le néant des certitudes ou de la connaissance indiscutable. Ils sont toujours le fait d’artistes qu’il est nécessaire de laisser faire pour qu’ils existent.
Laisssez-moi faire !
par Patrick CINTAS
« La plus belle lueur sur le sens général, obligatoire, que doit prendre l’image digne de ce nom nous est fournie par cet apologue Zen : Par bonté bouddhique, Bashô modifia un jour, avec ingéniosité, un haïkaï cruel composé par son humoristique disciple, Kikakou. Celui-ci ayant dit : Une libellule rouge - arrachez-lui les ailes - un piment, Bashô lui substitua : Un piment - mettez-lui des ailes - une libellule rouge. » Cette célèbre conclusion de Signe ascendant, écrit au lendemain de la Guerre, ou peu s’en faut, trouve son pendant presque exact au pivot du livre de Ly Thanh TIÊN, Danse-fiction :
Je pense à Ghérassim Luca qui disait : la révolution sans personne / la poésie sans langage / l’amour sans fin. Si l’on inversait les trois propositions, cela donnerait ce qui caractérise l’humanité actuelle : la personne sans révolution, le langage sans poésie, la fin sans amour.
C’est que l’artiste n’est pas ou plus celui qui déclare : Ils pensent que je suis un artiste, donc je le suis. L’artiste dit plutôt : Ce n’est pas possible ! Il doit exister autre chose. LAISSEZ-MOI FAIRE !
Anouk KOPELMAN-PAPADIAMANDIS L’homme abîmé MÉLIS Éditions
Bernie BONVOISIN Chaque homme a la capacité d’être un bourreau... Éditions SCALI
Dans les journaux de notre quotidien, de soi-disant « spécialistes » agissent comme des magistrats, ne quittant jamais leurs sièges et se tenant à une distance « respectable » des lieux où l’homme traverse la douleur.
Meurtres par Patrick CINTAS
“Il n’y a pas de guerres justes.[1]” Pourtant, c’est toujours dans un esprit de justice que des opérations militaires de plus ou moins grande envergure sont entreprises, au nom d’un idéal, d’une idéologie, d’un dieu ou de toute conception du monde qui élargit son domaine d’action par la destruction des moyens de défense de l’ennemi désigné trop justement. On ne se bat jamais pour mieux connaître. Le combat est donc une question morale. C’est dire la dose de subjectivité et de foi que l’homme, cette fois pris à part, y engage au détriment de son existence immédiate si celle-ci n’est pas déjà en proie à l’affrontement quotidien. Ce vertige du combat nous atteint de son double tranchant : la complicité, dont Bernie BONVOISIN nous dit qu’elle est la « capacité » de l’homme à être un bourreau, et la meurtrissure dont témoigne, j’allais dire une fois de plus, « L’homme abîmé » d’Anouk KOPELMAN-PAPADIAMANDIS.
Rodica DRAGHINCESCU
Entretien avec Nicole BROSSARD
Poète, romancière et essayiste, Nicole Brossard est née à Montréal, en 1943. Depuis la parution de son premier recueil, en 1965, elle a publié une trentaine de livres dont Le Centre blanc, La lettre aérienne, Le désert mauve, Hier, Cahier de roses et de civilisation. Deux fois récipiendaire du Prix du Gouverneur général (1974, 1984) pour sa poésie, elle compte parmi les chefs de file d’une génération qui a renouvelé la poésie québécoise dans les années 70. Elle a cofondé en 1965 la revue littéraire La Barre du Jour et, en 1976, le journal féministe Les Têtes de Pioche. Elle a aussi coréalisé le film Some American Feminists (1976). En 1991, elle publiait avec Lisette Girouard, une Anthologie de la poésie des femmes au Québec (Des origines à nos jours). En 1991, le prix Athanase-David, la plus haute distinction littéraire au Québec, lui était attribué et, en 1994, elle était reçue à l’Académie des Lettres du Québec. En 1999, elle reçoit pour une deuxième fois Le Grand Prix du Festival international de la Poésie de Trois-Rivières pour ses recueils Musée de l’os et de l’eau et Au présent des veines. En 2003, elle reçoit une Bourse de carrière du Conseil des Arts et des Lettres du Québec et le Prix W.O. Mitchell lui est attribué. Son plus récent recueil est Je m’en vais à Trieste (2003). Ses livres sont traduits en plusieurs langues et lui valent aujourd’hui une réputation internationale. Nicole Brossard vit à Montréal.
Rodica DRAGHINCESCU : Nicole Brossard, croyez-vous que l’écriture en général soit un lieu névralgique ?
Nicole BROSSARD : L’écriture et la lecture ont été jusqu’à tout récemment les seuls outils prolongeant le cerveau au même titre que le télescope et le microscope ont prolongé l’œil ou que la roue prolonge les jambes. L’écriture est une activité de réflexion, au sens visuel, nous permettant d’interroger le monde, de le comprendre et de le transformer ; elle permet aussi d’inscrire dans la langue des séquences de pensée et d’émotion qui, sans l’acte d’écriture, n’existeraient pas. Elle permet aussi d’emmagasiner dans la langue des énergies vitales qui donnent du plaisir et stimulent la pensée. En ce qui me concerne, l’écriture est un lieu précieux, caractéristique de notre espèce, de sa virtualité et de son potentiel. C’est un instrument de musique qui peut capter sa propre musique.
Nizar MOUAKHAR
Le Vide comme « Médiateur du Sacré » d’après le parangon du Quadrangle blanc de Malevitch
Nizar MOUAKHAR, artiste plasticien, propose ici les prolégomènes d’un Cahier de la RAL,M et un titre :
Les facettes de l’art des hommes sur cette terre, étude comparative entre trois cultures artistiques : l’art occidental ("carré blanc sur fond blanc" de Malévitch), l’art chinois (le paysage chinois) et l’art arabo-musulman (l’arabesque).
Pour participer @
« Le fantôme de l’unique revient toujours ». Michel de
Certeau - La Fable mystique.
S’il est malaisé de se débarrasser de Dieu et du religieux comme avaient cru pouvoir le faire les philosophes positivistes et nihilistes, il est tout aussi ardu de cerner leur espace indiciel. En fait, aussi baroques et diverses que soient les figures pouvant revêtir l’ordre du sacré, elles varient du tout au tout tels, selon Panofsky, les styles en art via leurs archétypes
spatio-temporels.
À ce propos, il fut si notoire de mentionner que cette thématique engendre une autre, à savoir celle du sacré dans l’art. Celle-ci, loin d’être obsolète comme il peut le sembler à première vue, se situe au cœur même du grand débat contemporain. Là où s’affrontent radicalement deux esthétiques majeures : la première - à partir des années cinquante - d’origine anglo-saxonne s’inscrivant dans l’esprit de la philosophie analytique d’inspiration empiriste et pragmatique ; la deuxième, continentale, prolonge la longue tradition de pensée hautement spéculative passant par Kant, Hegel, Nietzsche jusqu’à Heidegger et Adorno.
Penalización, violencia, criminalidad ¿Como se da el Estado a si mismo una memoria que regule las relaciones sociales, cuando de constituir una maquinaria socio-deseante se trata?
Le zinc Robert VITTON
Le zinc est le parlement du peuple:
. Autopsie d'une lettre morte Avant de reprendre tout à fait connaissance, je crus m'éveiller dans un coquillage tant le bruit de la mer m'assourdissait...
. RAL,M nº 11: Numéro spécial Ce numéro VITTON est évolutif (work-in-progress). On pourra le consulter pour lire les nouveautés dont Robert VITTON l'enrichira avec le temps. On peut dès lors en mesurer l'ampleur.
Autres Cahiers en préparation:
Femmes & Créativité - Art &
Thérapie - L'étranger - Les facettes de l'art des hommes sur cette terre
La peinture nous force au silence pour nous rendre capable d´entendre sa rumeur. La poésie propose sa rumeur pour nous rendre sensibles aux couleurs du silence. (Michel Butor)