Retour à la RALM RALM no 102 - Catalogue du sériographe de Pascal Leray [Ecrire à Pascal Leray]
Chantier n°11 - L'exercice du repli
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 Article publié le 19 septembre 2017.

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Années 1999-2000


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INDEX

Monet et la « série de paysages d’eau » - La série personnage du poème : Sente des séries – L’archéologie de la série : reprise – Irruption des archers – Intuition du tricentenaire – Absence de la série : Ceci n’est pas une série – Méthode dodécaphonique pour la basse électrique - Le sens des réalités : reprise


BIBLIOGRAPHIE

« Doctrine de l’arc » (poème) - Bleue, n° 2, 2000
* L’intérieur extérieur. Nouvelles de la réalité (récit) - Le Chasseur abstrait éditeur, coll. « Djinns », 2009
* Le sens des réalités (récit) - Le chasseur abstrait éditeur, coll. « L’imaginable », 2010

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DICTIONNAIRE CRITIQUE

Axe paradigmatique syntagmatique *** Composition *** Drame *** Formules sérielles *** Métaphysique *** Référence *** Transposition


STRATEGIE DU REPLI

Il y a un lien étroit mais surtout un rapport antagoniste entre l’ordre du repli et l’univers d’Avec l’arc noir.

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La série du repli a été initiée à l’automne 1999 à partir de trois cycles liés entre eux par une même texture et un même resserrement du vers.
On trouve vraisemblablement la source de cette versification tendue et contrainte (mais pas au sens traditionnel du terme) dans les derniers poèmes de "Jazz", dans l’expérience d’Avec l’arc noir. C’était, je crois, l’épuisement d’une énergie brute et agressive qui s’endormait en maudissant le monde.

La série du repli s’émancipe de la matrice de l’arc en adoptant un comportement exactement inverse. Ce mot-thème est une sorte de performatif : je me replie, je dis que je me replie, je plie, je me replie, je dis que mon dire se repli, je me replie sur mon dire, etc.

Avec l’arc noir, c’était l’expansion même, la cavalcade. Il fallait même faire entrer "cataclop" dans le vers. L’épopée était désastreuse mais pas plus que la plupart des épopées de ce monde, au fait. On gagnait des territoires.

Le repli est une posture régressive d’une puissance vertigineuse. Il devait accomplir le chemin inverse d’Avec l’arc noir. Il est assez surprenant, dans ces circonstances, que le repli se soit, pour autant, de lui-même démultiplié.

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Les trois séries rédigées à l’automne 1999 se détachent nettement, même si elles ont contribué à un autre mythe intime qui était celui de l’adieu (à la série). Leur ancrage est profond. Dès les premières pages de ce catalogue, la tentation du repli est ce qui prime peut-être.

Donc le repli n’est ni une simple séquelle de l’arc noir ni une éventuelle introduction à un adieu fantasmé. C’est une structure.

La structure a connu de nombreux développements qui coexistent aujourd’hui dans un désordre qu’il est difficile de répertorier. Il y a des dizaines de pages auxquelles il faudrait donner ou rendre une forme. Il y a le Carnet intime d’Alain Merzin (2002), qui explique à sa façon les mécanismes du repli. Puis des pièces musicales. En 2003, un Grand repli. En 2004, "Miserere pli" et le Repli au mille plis. En 2006, une Structure pli. Et quelques années plus tard encore, le repli s’est vu attribuer une série. Les chansons ont continué.

En revanche, la dimension proprement textuelle du repli semble s’arrêter aux poèmes introspectifs du début des années 2000. Il reste le théâtre.
Mais à présent, il ne s’agit plus tellement de "repli". Plutôt de "pli". Et le pli a des implications tout autres que n’a le repli.

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CECI N’EST PAS UNE SERIE (ESSAI)

Travaillant, aux environs de 1995, sur la notion de "série", j’ai pris le parti,, d’exclure par principe l’hypothèse que cette notion pût se trouver dans un texte où n’apparaissait pas le signifiant « série ». Cette contrainte peut paraître de prime abord paralysante pour la pensée, mais lorsqu’on a affaire à une notion abstraite, le risque est grand de la voir se diluer dans une absence de définition. Il faut en effet compter avec la masse inquantifiable des discours réalisés, qui offrent à l’esprit toutes les notions imaginables de « série ».

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"Ensemble de choses qui se tiennent", "suite d’élements déterminés selon une loi connue", "ensemble de choses analogues", sinon "identiques" - ces quatre définitions historiques du signifiant "série" permettent, si l’on y regarde de près, d’embrasser la totalité du réel sous le titre de série. Mais un mot - Tynianov nous l’a appris - se définit moins par ses extensions que par ses limites.

Je me suis refusé toute autorité sur la série. J’ai appris à n’employer ce terme que sous la dictée d’auteurs que je recensais, au fur et à mesure que ma recherche progressait : Diderot, Nerval, Fourier, Zola, Monet, Cournot, Littré, Durand de Gros, Proust, Saussure, Piaget, Bergson, Sartre, Foucault, Deleuze, Boulez, Pousseur, Barraqué,Chaunu, Risset, Meschonnic-et-Dessons, indépendamment de l’estime que je puisse porter à ces auteurs, sont devenus mes variantes lexicales du signifiant "série".

- Mais non seulement des auteurs, de vastes domaines discursifs se sont imposés à moi : le domaine de la production industrielle, celui de la publicité, la presse quoridienne, les mass-medias, etc. Sans parler de ces précieuses boussoles que sont, dans un tel cadre, les dictionnaires et encyclopédies.

La série est ainsi devenue mon « regard altéré » : si aujourd’hui je perçois une série, ce ne sera que par le regard d’un autre. Le domaine linguistique m’offre le cas le plus complet de ce système : quelle que soit la partie du système d’une langue que je veuille décrire, je puis la ranger sous le titre de « série », en voguant d’un auteur à l’autre, tant la plupart des phénomènes linguistiques se laissent ranger dans l’une ou l’autre des catégories que revêt le signifiant « série ». Mais, à bien peu de choses près, ce semble aussi être le cas de la plupart des autres domaines de discours.

Ainsi, lorsque le système du regard altéré me sera acquis, en sorte que je serai à même de sérier l’univers entier sans jamais en prendre la responsabilité, il me deviendra possible de concevoir la présence du signifiant « série » dans un discours, en son absence même, non parce que j’aurai effectué telle réduction mentale qui m’aura permis de ramener une notion ou une autre au principe de la « série », mais parce que je me serai donné les moyens de cerner une présence-absence, absence du terme et présence de ses enjeux historiques et discursifs.

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GALERIE

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