Ce n’est que progressivement et inconsciemment que l’on prend conscience des propriétés d’une série. Son existence n’est pas moins rythmique que mélodico-harmonique. Faire porter l’accent sur telle ou telle note modifie le caractère de la série, tout autant que le saut d’intervalle ou le groupement en accords.

La méthode que je propose s’appuie sur les formules, ou formes motiviques, que le musicien a charge de dégager à l’intérieur de la série. Ces formules ont un aspect arbitraire : les durées ne sont pas déduite d’un même principe que les hauteurs. Mais leur fonctionnement est motivique : l’existence simultanément rythmique et mélodico-harmonique de ces formules en fait des figures vivantes de la composition. Messiaen, pour désigner ce qu’aujourd’hui nous appellerions des cellules rythmiques, parlait de personnages rythmiques.

Dès que nos formules seront en place, liées les unes aux autres par le jeu de leurs affinités, de leurs oppositions et de leurs contradictions, elles auront force de loi ; plutôt que la série. La série elle-même n’aura servi, en somme, qu’à permettre l’émergence de ces formules qui, liées entre elles, deviennent premières dans l’écriture.