Marc Rothko, c’est la présence de la peinture dans toute sa démesure.
Triptyque temporel : mythologie, multiformes ou organiques abstraits, muraux abstraits.
L’on dirait que l’artiste reprend le minimalisme de Mondrian pour régénérer l’abstraction et, par là même, donner une nouvelle identité à la peinture moderne.
Au cours de sa trajectoire, la représentation s’efface rapidement au profit de l’apparition qui se décline en tons chauds ou froids, chaque couleur s’affirmant comme centrale, unique, éternelle.
Peu à peu, il se dirige vers des surfaces monumentales où l’intensité de la monochromie capte le spectateur avant de lui distiller des émotions et des sensations inédites.
Qu’il s’agisse de la chapelle Houston ou de la Tate Gallery, l’invasion picturale submerge celui qui regarde. Le monde est Rothko : devant, derrière, latéralement...
Et bien entendu dans la psyché.
C’est le concept de puissance ou de transparence qui évoque sans doute le mieux l’oeuvre de Rothko.
Sa peinture est un temple ou la taille murale de ses œuvres reconfigure l’espace. Elle phagocyte le monde qui vient de la nourrir.
Austérité et minimalisme se conjuguent dans un paroxysme combiné.
Des aplats partiellement nuageux aux monumentaux aplats dont la netteté enveloppe le spectateur... Rothko a su faire évoluer son art vers une simplification peut-être arrivée à saturation. Et qui, selon toute vraisemblance, véhicule le questionnement métaphysique de l’acte de création.