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Joe au soleil de Pascal Leray
Commencement et fin
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Joe au soleil Commencement et fin Pascal Leray ![]() J’aurais voulu commencer cette histoire par le commencement. Mais le commencement, j’avais du mal à le trouver. La vérité est que le commencement, il n’y en avait tout simplement pas. L’histoire commençait probablement sur le sable, au soleil, dans un désert qui (vraisemblablement) abhorre Joe. Joe marche à côté de son cheval parce que son cheval n’a plus la moindre force — plus la force de se soulever soi-même et moins encore pour porter Joe. Mais Joe a lui-même peu de forces. --- Il n’a plus son cheval pour le porter. Son revolver n’a plus de munitions et il n’a plus l’oeil sûr qui devait lui permettre d’atteindre d’un seul coup de revolver — d’une seule décharge --- le soleil... Alors, ses dernières forces, Joe les emploie 1) à marcher (bien que le soleil lui brûle et lui perce les pieds) ; 2) à conspuer et à haïr le soleil. Mais Joe marchant tourne — comme le soleil --- sinon que le soleil semble plus responsable que Joe de sa circulation sûre, tandis que Joe s’il tourne le regrette et regrette de tourner et voudrait marcher droit --- jusqu’à ce qu’il rencontre ses propres pas, que le sable du désert a gardés comme un moule intact. Joe s’enfonce dans ses propres pas et, de cet enfoncement progressif, accuse le soleil — et creuse le sable du désert, tandis que tout à côté de lui son cheval poursuit de se liquéfier. Et le cheval à force de fatigue prend l’allure d’une flaque noire --- l’ombre de Joe --- et Joe boit dans cette mare noire qui l’intoxique et lui détruit l’esprit — son ombre --- qu’évapore le soleil en parallèle. Aussi le combat de Joe se poursuit-il stupidement sur deux plans qui distincts le déchirent --- d’un côté il se noie dans l’ombre de la flaque du pelage du cheval noir qui l’accompagne ; de l’autre il marche droit mais tourne dans le désert circulaire allié au soleil qui tourne autour de Joe comme un vautour qui tuera Joe à force de tourner Joe dans ses tours inextricables (pauvre Joe). L’histoire de Joe ne s’arrête pas là (ne s’arrêtera pas, ne peut pas s’arrêter) mais il faut bien envisager une autre phase de l’histoire de Joe, son retour à la SOCIETE --- à l’hôpital, où Joe rejoint sa bien-aimée, mais sans entrer en contact avec elle (où est-elle d’ailleurs ? Es-tu encore en vie ?). On le retrouve dans une chambre d’hôpital où il aligne sur la série des murs (quatre, blancs) des images du ciel pour détruire l’image du soleil qui détruit sous ses yeux son invisible bien-aimée et brûle l’oeil de Joe pour lui offrir une série de figures hallucinées --- dans le désert, Joe marche, etc. Mais il a retrouvé la SOCIETE, la SOCIETE l’entoure et le rassure, on illumine Joe et la lumière de la société le topurne, aux quatre murs de sa chambre d’hôpital Joe parle, comme aux figures SOCIALES que sont l’INSTITUTION, la VIE, la BEAUTE, les GENS. Et que se subdivisent en quatre encore ces grandes ENTITES SOCIALES — qui jugent Joe de leur morale sûre, apodictique, et renvoient Joe à sa relégation dans le désert. La SOCIETE n’était que parenthèse. Nous sommes tous gens de Joe. |
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