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Le sens des réalités
Carnet intime

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 Article publié le 30 mai 2009.

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Les espoirs et les chutes. Nous souvenons-survenons. Passons des paysages, ils nous percent. Avant-hier c’était le vent, du côté de Malo les Bains, chargé de sable. Il nous rendait aveugles, nous étions heureux. Le sol aussi comprenait la magie, avec ses nuages de sable qui se déplaçaient autour de nous. Ainsi va la vie. Je veux dire que s’il n’y avait la magie de ces instants, on se sentitait l’âme prête pour la mort. Une vision globale des choses du monde – ou de ta propre vie – te mène au désespoir moqueur, à ces deux ennemis de la vie que sont le désir de mourir et le cynisme moderne. Mieux vaut partir de ces instants, dans leur fragilité, de ces rencontres, même evanescentes, et de la « petite vie » surtout. Nous sommes gens de rien et le bonheur serait ici ;

Déchirement. Avec l’âge la conscience s’accroît. Donc, le déchirement. Se départir du temps de son enfance est une entreprise faramineuse et qui coûte plus qu’elle n’apporte de joie ou de réconfort. Pourtant, dans le déchirement, sans le nier, sans chercher à le perdre de vue, se noue un nouveau pacte. La vie comme un défi. La vie à elle-même opposée. Tout ce qui dans la vie nie la vie. Et ce qui dans la vie affirme la vie. Et qui n’est pas une profusion de joie qu’on nous assène, ici et là, dans vos « fêtes », vos massacres. Non, non : il y a autre chose. Une révolte, mais une révolte secrète. Certains croient au pouvoir, d’autres non. Aux premiers, ne dites surtout pas ce qu’il en est. Le pouvoir ? Mais ils en ont besoin, comme un enfant de son biberon ou de sa têtine. L’anarchie, ce n’est pas – je ne crois pas – un dogme : c’est un des constituants essentiels de la vie psychique, dans sa dimension sociale. Sans laquelle nous serions des automates. Nous jouons et nos rôles sont plus ou moins instables. Bien malheureux qui croit à la réalité du rôle qu’il joue ! Tout ce qu’on peut lui souhaiter, à celui-là, c’est qu’il se rende compte de la fiction qui est la sienne : Alain Merzin.

Il est d’autres réalités, plus fragiles et peut-être empreintes d’irréalité mais d’une vérité indéfectible. Et donc, elles sont – la réalité elle-même. C’est à Dunkerque une arrivée sous des trombes d’eau, malade mais convaincu de retrouver un espace familier. Au-delà du politique il y a la réalité, elle se tient tranquille, prête à nous recevoir quand nous serons revenus de nos jeux.

Il y a le symbole. Cette chose est telle que pas une définition ne la tient. Le symbole, ce n’est pas simplement un signe, une relation d’équivalence entre un objet et une signification. Le symbole est une transaction plutôt, la part d’investissement psychique que recèle un objet, tout objet, de la réalité. La part magique du symbole tient dans sa transmission. La terre. Les bâtiments et les rues d’une ville. Se chargent d’une part de vous et je vous y retrouve et vous m’y recevez. C’est le symbole, certes. C’est aussi la réalité. Vos fantomes et le mien se rencontrent dans un espace intersticiel si l’on veut, secret en tout cas. Et le fantome qu’ensemble nous formons : il est vivant car la vie est le propre du fantome. Les existences fantomatiques sont les plus vives, de nos jours.

Mais je reviens. Je réfléchis et tente de comprendre le chemin parcouru. Si même j’ai parcouru du chemin, ce dont je ne suis pas sûr en dépit des événements qui se sont précipités durant l’année qui termine de s’écouler. Le déchirement est-il plus profond qu’hier ? Plus douloureux ou au contraire a-t-il passé un seuil de la douleur ? Un seuil passé lequel je vois qu’il me faut vivre avec, ce qui d’ailleurs s’avère étonnamment léger en dépit des provocations accélérées de la masse événementielle, sans pour autant avoir sombré dans la folie ?

Je ne devrais pas fanfaronner : la lutte est continue et ses renversements nombreux. Une violente dépression me guettait, c’était il y a trois semaines à peine. La fatigue devait me retirer tous mes pouvoirs magiques. Je regardais la télévision, rendez-vous compte ! Et puis j’ai retrouvé des forces, quelques-unes, quelqu’un m’a aidé. Et puis Dunkerque, et puis...

Aussi ce que je puis en dire n’est que palinodie d’une palinodie qui sera à son tour contredite demain. La sismographie n’est pas fiable mais forme ses dessins propres. Qu’ils vivent de leur vie. Je ne vois guère l’intérêt qu’il y aurait à recenser les lueurs claires et sombres de mon existence.

 

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