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L’état critique
Le Testament, n°1 - revue de poésie

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 Article publié le 13 novembre 2010.

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On connaît le miracle que peut un poème. On ne le sait jamais. Cherchez le poème dans sa méthode, vous attendrez en vain.

Le poème, il est à côté. Cessez de regarder en face de vous, vous avez l’air d’un César en bottes de foin.

L’invention poétique n’est pas l’invention brevetée de nos formidables ingénieurs. Elle est d’une autre nature, sans doute parce qu’elle est toute entière inscrite dans la matière du sens.

J’ai rencontré Emmanuel Rastouil voici quatre ans, peut-être. Sur internet, à travers des échanges de poèmes. Nous nous sommes échangés des poèmes qui pouvaient paraître si dissemblables en leur forme que la rencontre même pouvait sembler proscrite. Emmanuel avait à l’époque une prédilection pour les formes strictes du vers système. Pour ma part, je sérialisais sauvagement tout ce qui me passait par la main.

Emmanuel inscrit sa poésie dans un espace qui est celui de l’amour. Sa poése est un regard appuyé et nourri de tendresse sur le monde qui l’entoure, ou que lui-même entoure. Un esprit chagrin ne verrait dans ses oeuvres qu’une litanie d’idées pieuses, peut-être. Allons ! Refaisons le mot de Mallarmé qu’affectionnait tant Meschonnic : « Je rétorquerai (...) que des contemporains ne savent pas lire ». Toc.

Emmanuel Rastouil est l’un des poètes les plus réjouissants et les plus vivifiants qu’il m’ait été donné de rencontrer. Nos mondes sans coïncidence n’ont cessé de se saluer de loin en loin car ce que nous visons, peut-être, avec la même obstination et la même cécité, c’est la lumière interne – la lumière intime – du poème. Un exemple.

Flâner dans cet éden est une belle chose, Car je sais qu’au détour de ce rosier grimpant Ou du lilas fleuri, plus trace du serpent… Et l’heureux dénouement offre un parfum grandiose A notre éternité ! Si tu veux, si je l’ose, Quittons donc pour toujours cet ignoble oripeau, Que la lumière apprenne à contempler ta peau, Son satin surpassant la douceur de la rose.

La simplicité même du poème est accablante. Je ne puis manquer de me rappeler Jean Grosjean. On chercherait longtemps ce qui fait la puissance d’un poème nu et léger, qui ne prétend à rien, qui ne fait que circuler dans une symbolique nourrie de tout ce que la Bible a pu nourrir de poésie au cours de ces trois derniers millénaires, si vite passés d’ailleurs. Mais je sens que chacun des mots, chacune des inflexions qui composent ce poème ont été traversés cent et mille fois par le poète qui les a gorgés de sa vue.

On cherche le miracle dans le poème. Une « clef de la poésie », peut-être ? Quand la clef est le poème tout entier. Son inflexion vocale, peut-être, en premier lieu, autrement dit : la voix qui nait de la série des vers.

Ce qu’on trouve dans sa poésie, lui la recherche chez les autres, on pourrait dire avidement. Fin 2008, déjà, paraissait chez Géhess éditions une Anthologie incomplète de la jeune poésie française réunissant, entre autres, Juliette Guerreiro, Strofka, Pascal Lamachère et un certain « Poète inconnu » qui n’est pas le moindre contributeur de l’oposcule.

Il n’y a pas de dogmatisme dans les choix d’Emmanuel Rastouil. Il est un éditeur électif. La revue Le Testament est le prolongement logique de l’anthologie. On retrouve certains des auteurs qui figuraient dans le précieux volume inaugural (Lilas Kwine, Strofka ou encore Yannis Sanchez.qui délivre ici une « pièce dramatico-burlesco-tragico-comico-réaliste »). On fait de nouvelles rencontres, (Emmanuelle Grangé, Cécile Toulouse). On fait connaissance avec Jean Bracco, à travers un entretien. Et tout cela dans une forme neuve,un grand format où la photographie ponctue le poème, à travers les oeuvres de Philippe Oddoart et d’Hervé Pizon.

L’objet est d’une grande beauté. Mais aussi d’une grande simplicité d’accès. Voyons avec quelle bonhommie Emmanuel résout l’apocalypse éditoriale de notre temps :

Parce qu’il faut trouver un avenir au livre, obsolète pour beaucoup dans sa forme, j’ai songé à l’hybride mariage avec un magazine, quelque chose d’épuré, presque un objet de collection qu’on aurait envie de garder.

Le « presque » n’est pas dénué de charme. Il y a là un objet si réussi qu’il tient du livre d’artiste. Le testament est un nom bien étrange pour un ouvrage si évidemment tourné vers la vie. Peut-être y a-t-il quelque chose d’un défi, dans ce projet. Chacun des mots d’Emmanuel est une histoire complète, quoique non finie. J’ai l’honneur, pour la seconde fois, d’être de ceux qu’Emmanuel a jugé nécessaire de présenter au monde parce que « personne d’autre ne le fera pour nous ». C’est si vrai...

Il faut remercier le monde de nous avoir offert Emmanuel Rastouil.

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testament

 

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