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Poésies de Pascal Leray
Fresque morale

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 Article publié le 19 octobre 2014.

oOo

Tu voudrais appuyer la nuit. C’est une drôle d’idée, crois-moi. C’est un peu comme si tu voulais l’adosser. As-tu pensé à adosser la nuit ?

Ce serait un peu particulier, crois-moi. Ce serait indécent, même. Mais de cette indécence malencontreuse qui fait les mauvais voyeurs.

Tu as le visage rongé à force d’exhiber des parcelles de nuit qui couvent sous ta peau. Tu n’ignores pas que la fenêtre paie pour ça.

Qui d’autre accepterait de payer un centime d’euro pour voir ta peau percée d’ailleurs ? Ta peau voyeuse est démonétisée, ce soir.

La nuit n’étant pas regardable, ta peau a soif d’images mobiles. Tu dessines sur un mur des corps penchés. Ils savent bien ce qu’ils taisent.

Il y a une silhouette penchée qui pourrait figurer une jeune fille joueuse, là. Tout le monde la désirait dans le voisinage, c’est bizarre.

Et puis il y a eu un massacre que tu figures avec de gros pavés de nuit sur ce dessin un peu confus qui couvre mal le mur. Tu es injuste.

Les pavés de nuit ne devraient pas représenter la mort-massacre mais la mort-mort, au pire. La mort-massacre est lâche dans la nuit, d’accord ?

Alors que la nuit est courageuse de te supporter avec ta peau voyeuse qui s’exhibe pour ses yeux comme un petit briquet qui menace ses cils.

Un petit bouquet de tendresse tuméfiée qui pleure sa maman en d’horribles hoquets. Franchement cela ne fait que dégrader ton image mentale.

Cela ne peut rien améliorer. Ni ta relation avec la nuit qui va demander le remboursement du centime d’euro qu’elle a introduit en toi.

Ni les qualités graphiques supposées de la fresque morale qui est une pornographie, c’est vrai ! Mais une pornographie de givre, de glacis.

C’est ainsi que tu feras fortune pourtant. Au moment même où tu te rates quelqu’un s’exerce, tendrement, à secouer son corps contre le mur.

C’est quelqu’un qui sera jugé vivable ou invivable, peu importe. Tu ne te méfies pas de ceux que la nuit engloutit, même s’ils sont armés.

Tu ne t’inquiètes que de l’injustice de la nuit qui s’estime lésée parce que ton corps-spectacle n’est pas très excitant, il demande trop !

Et tu ne te vois pas rendre à quiconque ce maudit centime d’euro qui était en quelque sorte la réparation de toutes les humiliations d’hier.

Tu sais que s’il te manque ce pénible centime, les gens te railleront dès que le jour aura paru. Ils ne comprendront pas ! Ils seront intestins !

Et ça, normalement, ça ne devrait pas être, n’est-ce pas ? Même épuisé, même déboussolé comme tu peux croire que tu l’es, tu sais encore ça.

Tu sais ce qui ne doit pas être quand tes poings se ferment et simulent l’impuissance de la rage que tu éprouves réellement, avec tièdeur.

Mais toute ta pornographie est incrustée au mur désormais. Tu n’as plus de comptes à rendre à la nuit. Tu peux la prendre dans tes bras.

Et tu l’étoufferas ainsi. Ton amour nu est une armoire percée qui ne peut rien contenir. Qui ne sait qu’écraser la nuit. Ou 10 000 nuits.

Ou 10 000 tonnes de nuit. Ou 10 000 tonnes de nuisances de nuit. Ou 10 000 tonnes de nuisances sanglantes qui souilleront les draps du lit.

Achève ça alors. Et songe. Ce n’est pas la fenêtre la voyeuse dans l’affaire. Ni toi l’exhibition. La nuit n’est pas demandeuse non plus.

Mais le mur. Tu peux être sûr qu’il fomente. Il ne lui manque que le fouet, vois-tu ? Pour le reste, il remplit son office patiemment.

Il mime ta peau quand ta peau prend la texture de l’eau croupie. Il imite ta cervelle si elle se fend. Et il te lèche la langue. Plonge.

Tu ne peux rendre à la fenêtre ce que le mur t’a pris. Tu peux bien en déduire que tu ne dois rien à la nuit, dès lors. Mais tu te trompes !

Tu te trompes ! Tu te trompes ! Tu te trompes ! Tu te trompes ! Tu te trompes ! Tu te trompes ! Tu te trompes ! Tu te trompes ! Tu mens.


17 000 tonnes de nuisances de nuit : ça ne fait pas un escalier.

 

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