Le problème est celui de la densité phonologique. C’est une expression ambiguë qui ne devrait pas être évoquée sans précaution.
Elle peut recouvrir deux réalités bien distinctes, en effet.
Dans le premier cas, on distingue la consonne de la voyelle (la consonne est une attaque sans durée, la voyelle une durée sans attaque).
On dit qu’il y a densification quand la phonologie est compactée dans un temps t1 sans durée : "screu" dans "screugneugneu" ou pire : /rsdfr/ dans "force de frappe", pourvu qu’on prononce ce mot avec l’énergie qui convient.
La statistique peut nous aider à dégager des zones de concentration, chez Artaud par exemple. Cette densité est un hyperconsonantisme.
La densité phonologique recouvre une toute autre réalité, cependant, qui ne distingue pas tellement consonnes et voyelles.
Elle se distingue par le privilège de certains phonèmes sur d’autres, dans une zone de texte donnée. Dans le vers, "aboli bibelot d’inanité sonore", des pans entiers de la langue sont réduits à néant, il ne reste en un univers discursif épouvantablement resserré que les phonèmes /a/, /o/, /ô/, /i/, /a/, /é/, /b/, /l/, /d/, /n/, /t/, /r/
C’est très peu ! Et le poète voudrait "inventer une langue" avec ça ?
On ne sait pas. Mais d’une certaine façon, nous voyons là une issue positive à cette polémique terrible qui éclata, aux attenances de l’été 1997, sur le rôle accentuant ou non de la consonne dans la rythmique d’un discours.
La densité du premier ordre, nous la noterons M.
La densité du second type sera notée D.